Les chiffres de la balance commerciale sont inquiétants. Au terme des neuf mois de l’année 2017, le solde de la balance commerciale a atteint un déficit de 11480.1 MDT contre 9326.7 MDT durant la même période de 2016. Les raisons profondes de cette dégradation sont à rechercher…
Face à l’aggravation du déficit de la balance commerciale et la baisse des réserves nationales en devises, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a décidé de réactiver la proposition formulée lors des concertations au sein de l’Association Professionnelle Tunisienne des Banques et Etablissements Financiers (A.P.T.B.E.F), relative à la rationalisation des importations. Ainsi, la BCT a fait parvenir aux banques de la place une liste détaillée des produits jugés non-essentiels à l’importation.
Pour mettre l’accent sur l’efficacité et l’impact de cette mesure sur la balance commerciale, sur l’investissement et le marché informel, RTCI a invité Habib Karaouli, président-directeur général de la Banque d’Affaires de Tunisie.
Cette mesure pourrait-elle endiguer le déficit de la balance commerciale ?
En réponse à cette question, Habib Karaouli a tenu à rappeler que le déficit de la balance commerciale est insoutenable et cela représente un vrai danger à l’économie tunisienne et à la croissance. « Qu’il faille agir dans ce sens est incontestable, mais comment favoriser les exportations et s’assurer que ce genre de mesure offre toutes les conditions d’efficacité ? », s’est interrogé M. Karaouli.
Et d’ajouter qu’il faut aussi s’assurer que ces produits jugés non-prioritaires n’entrent pas de manière illégale. « La BCT n’est pas dans son rôle en promulguant cette liste. On estime que ces produits jugés non-essentiels à l’importation coûtent cher à l’économie tunisienne, il n’y a qu’à les interdire ! C’est au ministère du Commerce d’identifier ces produits », a-t-il précisé.
Utiliser les clauses de sauvegarde !
Pour lui, pour fermer les portes larges aux substitutions et barons de la contrebande, le plus important consiste à évaluer l’impact de cette mesure parce qu’il y a des effets pervers. Il faut, de même, s’assurer que cet outil soit efficace. « C’est une mesure pousse-au-crime et vers l’obscurité »,
Et de poursuivre : « Il y a une grande opportunité d’exportation, mais on n’a perdu de notre capacité d’exporter. Nous avons un problème de cohérence de notre politique économique. Que fait alors cette loi d’investissement ! C’est contre-productif ».
Habib Karouali n’a pas manqué de souligner l’importance de recourir aux clauses de sauvegarde conçues pour limiter le déficit de la balance commerciale, pour protéger les produits fabriqués localement et rééquilibrer certaines conventions.
« Dans de pareilles situations, tous les pays, même les plus développés, ont utilisé les clauses de sauvegarde. Il faut agir sur les opérateurs économiques (importateurs). Il faut un focus sur les voies d’amélioration des conditions de l’investissement. », ajoute Habib Karouali.