Pour l’ UTICA, il semble que le vent a tourné cette fois à plus d’un titre : en premier lieu un mécontentement sur les mesures fiscales qui figurent dans le projet de loi de finances 2018 et en deuxième lieu, la tension qui commence à monter avec le partenaire social l’UGTT. Zoom sur les raisons du mécontentement.
Contrairement à son habitude, l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat n’a pas mâché ses mots. Suite à la publication d’un communiqué dans lequel l’UTICA manifeste son étonnement sur le contenu du PLF2018, sa présidente Ouided Bouchamaoui a menacé de se retirer de l’Accord de Carthage , lors de son passage sur les ondes radiophoniques de Shems fm.
À un autre niveau, la relation avec la centrale syndicale (UGTT) est loin d’être stable et il semble que le consensus n’est plus le maître mot entre les deux pôles de productivité.
Dans une récente interview accordée à nos confrères arabophones de Acharâa Al-Magharibi, le président de la Commission des affaires économiques à l’UTICA, Nafaâ Ennaifer a tiré à boulets rouges sur l’UGTT tout en déclarant que le pays est dirigé par le chef du gouvernement Youssef Chahed et le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Le porte-parole de l’UGTT, Sami Tahri, n’a pas manqué de répondre sévèrement sur son compte Facebook.
Afin d’approfondir la question, leconomistemaghrebin.com a contacté Taoufik Laribi, président de la commission de la fiscalité de l’UTICA.
Quand le dicton « Trop d’impôt tue l’impôt » prend tout son sens
Pour notre interlocuteur, la colère est double cette fois. Car l’UTICA n’a, uniquement, pas trouvé l’écho de ses propositions dans le projet de loi de finances 2018 mais elle se trouve, selon le projet en question, soumise à un nombre considérable d’impôts et de taxes.
Tout en reconnaissant que le gouvernement a pris soin d’écouter les propositions de l’UTICA, mais à la lecture du projet de loi de finances 2018, « nous nous sommes trouvés face à des propositions qui vont à l’encontre de ce que nous avons proposé », regrette-t-il. À titre d’exemple, il a cité le gel de la TVA.
A cet égard, il ne manque pas d’exprimer son inquiétude : « Le trop-perçu ne sera pas remboursé immédiatement à l’entreprise soumise à un contrôle fiscal qui a confirmé cet excédent d’impôt. Dans ce cas, l’Etat propose un remboursement de 15% par semestre », regrette-t-il.
Notre interlocuteur a considéré que la liquidité des entreprises est bloquée au niveau de la trésorerie à cause « de l’utilisation excessive de la retenue à la source. D’ailleurs le ministère des Finances cite le chiffre de 4 milliards de dinars excédant d’impôts provenant des entreprises privées par la retenue à la source », explique-t-il.
De même, les pénalités de retard de paiement d’impôt ont quadruplé dans le projet de loi en question, ce qui est une mesure dissuasive pour l’investissement et contre-productive pour la compétitivité.
Les mesures prises dans le cadre de la réforme fiscale demeurent sélectives, il déclare à ce propos :« Ils ont introduit les mesures qui renflouent la trésorerie de l’Etat tout en ignorant les mesures qui peuvent assurer la relance de l’économie tunisienne», dit-il.
Sur un autre volet, il a considéré que l’accès aux marchés financiers est devenu très difficile étant donné que les banques n’octroient pas facilement des prêts aux entreprises sans compter que le TMM atteint dans un certains cas 8%.
« Oui, depuis des années nous faisons des sacrifices et je rappelle à ce titre que dans le cadre du projet de loi de finances 2017, on nous a taxé de 7,5% en nous promettant que cette contribution exceptionnelle ne ferait pas partie de la loi de finances 2018. Or, on la retrouve sous une autre forme à laquelle viennent se greffer la majoration de la cotisation patronale, de la taxe à la consommation et des droits de douane », s’insurge-t-il.
La divergence persiste avec l’UGTT…
Il est de bonne guerre que l’UGTT et l’UTICA défendent les intérêts de leurs affiliés, « cependant, nous refusons catégoriquement un certain nombre de comportements de la part de l’UGTT ou de n’importe quelle partie. Pour ce qui est des négociations sociales, Taoufiki Aribi a indiqué qu’elle sera décidée par les instances des deux organisations : « Nous appelons au consensus et au dialogue mais il est hors de question de tolérer les insolences envers l’UTICA ou la remise en question du patriotisme des hommes d’affaires », affirme-t-il.
« Les entreprises passent par une conjoncture très difficile à cause de la pression fiscale, la chute de la productivité, la qualité des services des entreprises publiques et de l’administration…Dans ces conditions, parler de relance économique relève de la boutade », conclut-il.
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