Les résultats du baromètre de la conjoncture économique réalisé [fin août – début septembre 2017] par la Chambre Tuniso-Française de Commerce et d’Industrie (CTFCI), permettant d’interroger 180 dirigeants d’entreprises tunisiennes (77,8%) et françaises ou à participation française (22,2%), ont fait ressortir qu’ils continuent d’avoir confiance dans le site tunisien des affaires et le considèrent encore compétitif.
Ainsi, ils ont exprimé leur satisfaction de la qualité des ressources humaines ou des mesures décidées par le gouvernement en matière de lutte contre la corruption. Bien qu’ils se plaignent toujours de la dégradation de l’environnement des affaires, notamment de la complexité des procédures administratives, de la qualité des infrastructures et de l’instabilité politique et sociale.
Ce baromètre a démontré la persistance de trois contraintes, à savoir les procédures administratives, l’insécurité et l’instabilité politique qui demeurent des obstacles au développement des entreprises.
Par ailleurs, 64% des dirigeants sondés se plaignent de la complexité et du peu de transparence des procédures. 61,8% perçoivent l’insécurité en tant que contrainte et 58,1% sont préoccupés par l’instabilité politique. Les infrastructures et les ressources humaines sont les facteurs qui freinent le moins les performances des entreprises avec respectivement 38,9% et 33,3% des interrogés.
Egalement, 43,6% des chefs d’entreprise sont préoccupés par la complexité et la lenteur des opérations de transfert de devises, notamment sous forme de dividendes en tant que contrainte. Et 67,2% se focalisent sur la baisse du cours du dinar par rapport à l’euro et au dollar.
Procédures administratives
L’enquête de la CTFCI a dévoilé que les dirigeants sont peu satisfaits des services fournis par les administrations. Seuls 8,9% de ces dirigeants sont satisfaits de l’efficacité des services fournis. 58,1% sont insatisfaits des délais des procédures et 51,4% insatisfaits de la complexité des procédures.
Pour les procédures de douane, 43.7% des interrogés déclarent leur insatisfaction. En fait, 35,7% des dirigeants estiment que la collaboration avec la douane constitue une contrainte pour l’entreprise et 73,5% pensent que cet axe devrait faire l’objet d’un intérêt particulier des pouvoirs publics.
Selon le profil de l’entreprise, ces procédures administratives constituent davantage une contrainte pour les entreprises du secteur des services, à hauteur de 74,4%, les entreprises qui ont entre 10 et 49 salariés à 71,7%, les entreprises sur le Grand Tunis à 69,1% et les entreprises non exportatrices à hauteur de 70,0%.
Qualité des infrastructures
En ce qui concerne la qualité des réseaux portuaire et routier, 9,9% et 8% des chefs d’entreprise sont satisfaits du réseau routier et portuaire. Les infrastructures d’énergie (électricité et eau) et celles du réseau aérien sont jugées plus satisfaisantes, d’où 41,4% des dirigeants sont satisfaits de la distribution d’électricité et 40,1% le sont des infrastructures liées à l’eau et l’assainissement.
D’autre part, le réseau téléphonique est jugé comme plus satisfaisant que le réseau internet. 42,8% des dirigeants sont satisfaits du réseau téléphonique contre 31,1% qui le sont pour le réseau internet.
Coût des facteurs
Les facteurs perçus comme plus chers sont le transport aérien et l’énergie. En effet, 54,8% des dirigeants perçoivent le transport aérien comme cher. Ils sont respectivement 53,6% et 51,1% à penser que l’énergie en général et l’électricité sont des facteurs chers. Les télécommunications et la main-d’œuvre sont perçues comme les facteurs les moins coûteux.
En fait, seuls 26,8% et 23,3% des dirigeants perçoivent respectivement les télécommunications et la main-d’œuvre comme un facteur cher.
Lutte menée par l’Etat contre la corruption
La CTFCI a montré que 62,2% des dirigeants sondés pensent que la lutte menée par le gouvernement contre la corruption, la contrebande et le marché parallèle est convaincante contre 21,1% qui pensent qu’elle est très convaincante.
D’ailleurs, pour 4 dirigeants sur 5, la lutte contre la contrebande serait bénéfique à l’image de marque du site tunisien des affaires et à l’investissement.
Opportunités et risques
Pour les opportunités, un coût de main-d’œuvre relativement peu élevé, d’où les ressources humaines ne constituent pas une contrainte au développement des activités économiques.
Ainsi, la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée encourage les investisseurs et les infrastructures liées au NTIC et celles liées à l’énergie sont considérées de qualité.
Quant aux risques, la lourdeur des procédures administratives s’affiche parmi les risques avec des délais lents et un manque de simplicité, notamment en ce qui concerne les procédures douanières. Egalement pour le climat d’insécurité et l’instabilité politique.
Indicateurs de performances
Au volet de l’évolution des indicateurs de performances des entreprises, 44,4% des dirigeants pensent que leur chiffre d’affaires va augmenter en 2017 par rapport à 2016 et 60,4% pensent qu’il va augmenter en 2018.
En effet, 44,7% des interrogés prévoient que leurs résultats vont être bénéficiaires en 2017 et 64% pensent qu’ils vont être bénéficiaires en 2018.
Pour les investissements, 44,9% des dirigeants estiment qu’ils ont augmenté/augmenteront en 2017 par rapport à 2016 et 59,6% déclarent que leurs investissements vont augmenter en 2018.
32,9% de ces dirigeants déclarent que le nombre de leurs employés devrait augmenter en 2017 et 43.6% pensent qu’il va augmenter en 2018. Sachant que 50,8% des dirigeants perçoivent leurs employés comme moyennement compétents et 45,2% les perçoivent comme excellents. 74,4 % des entreprises donnent accès à des formations professionnelles à leurs employés. Des formations se font dans la plupart des cas au sein même de l’entreprise ou dans des cabinets privés visant à leur permettre de développer leurs compétences.
En outre, 74,4% des dirigeants perçoivent l’action des structures syndicales au sein de l’entreprise comme un facteur de dialogue, 55,2% comme un facteur de tension et 42,7% comme un facteur de blocage du processus de production.
Perspectives économiques 2017
37,8% des dirigeants pensent que les perspectives économiques de 2017 seront meilleures qu’en 2016 contre 45,5% une année auparavant. Tandis que 32,2% pensent que les perspectives vont rester les mêmes en 2017 et ils sont 27,8% à penser qu’elles seront moins bonnes.
Selon le profil de l’entreprise, certaines sont plus optimistes quant aux perspectives économiques en 2017, notamment les entreprises du secteur industriel à hauteur de 48%, les entreprises ayant plus de 50 salariés à 45,6%, les entreprises françaises et tunisiennes à participation française à 45% et les entreprises totalement exportatrices à hauteur de 50%.
A noter que l’échantillon choisi est jugé représentatif du tissu économique tunisien: 50% des entreprises opèrent dans le secteur des services, 27,8% dans le secteur industriel et 20% dans le secteur commercial. 68,3% des entreprises sont situées dans le Grand Tunis, 16,7% au centre – est et sud (Sahel ou Sfax) et 15% sur les régions de la Tunisie. En termes de nationalité, 77,8% des entreprises interrogées sont tunisiennes et 22,2% sont françaises ou à participation française.