L’UTICA regrette que le projet de loi de finances 2018 (PLF) n’ait pas pris en considération ses suggestions, notamment concernant l’investissement, l’emploi, l’amélioration du climat des affaires et l’élaboration d’une stratégie pour le sauvetage de l’économie. Et si ce PLF ne sera pas amendé, la centrale patronale a menacé de se retirer de l’Accord de Carthage. Nafaâ Ennaïfer, président de la commission des affaires économiques est revenu, aujourd’hui, sur ces questions, sur les ondes radiophoniques.
Suite aux mesures qui figurent dans le PLF 2018 à même d’alourdir davantage les charges supportées par les entreprises à cause des taxes additionnelles et de la pression fiscale très élevée qui influe négativement sur la compétitivité des entreprises, leur capacité d’investissement et la création de nouveaux emplois, M. Ennaïfer a affirmé que l’UTICA n’a pas annoncé sont retrait de l’Accord de Carthage comme étant une menace au vrai sens du terme, mais elle a exprimé son mécontentement et a tiré la sonnette d’alarme.
Et d’ajouter que le grand problème ne consiste pas seulement dans le PLF 2018 qui touche certainement à la pérennité des entreprises et menace leur existence, parce qu’il n’est qu’une partie des problèmes que connaît la relance de l’économie tunisienne.
L’UTICA regrette en grande partie le manque de la volonté et du courage dans la prise des décisions fiables, dans la mise en place des orientations claires du gouvernement, et l’avancement dans les réformes, et ce, en mettant comme priorités la pérennité des entreprises et la relance de l’économie nationale.
A cet égard, le Bureau exécutif et administratif de l’UTICA organisera, le 06 novembre 2017, une réunion visant à discuter l’avancement dans les négociations menées depuis quelques jours avec le gouvernement et toutes les parties politiques concernant les difficultés du pays et les solutions nécessaires.
Il a rappelé, dans ce sens, que l’UTICA ne cesse de donner les solutions à la crise depuis des années mais rien n’est changé. Citant l’exemple de la note des propositions de la centrale patronale, intitulée «Entre assainissement et relance», dans laquelle l’UTICA a appelé à mettre en place un Contrat de responsabilité entre le gouvernement, les partis politiques qui le soutiennent et les partenaires sociaux autour de valeurs et d’objectifs chiffrés, avec un partage des responsabilités et une obligation de résultat.
Ce contrat vise à respecter davantage la loi, la valeur du travail, l’image de la Tunisie, la confiance des investisseurs, la relance de la croissance et par conséquent le renforcement des ressources du Trésor.
Pour ce faire, M. Ennaïfer a recommandé de ne plus chercher des ressources pour couvrir des dépenses, mais plutôt d’optimiser les dépenses. Il a estimé que l’amélioration des recettes pourrait être réalisée à travers la relance économique. «C’est la relance de l’économie qui générera plus de recettes, ce qui permettra plus de dépenses publiques», note-t-il.
Toutefois, il a indiqué que cette relance ne pourrait être effective qu’avec une grande efficacité, un plus grand courage et une rapidité dans l’action.
A cet égard, il a évoqué les problèmes des entreprises publiques et les défaillances dans le Port de Radès. Il a recommandé d’encourager les partenariats privés et la privatisation de certaines entités publiques pour apporter de nouvelles ressources fiscales et créer de nouveaux postes d’emploi.
« Mais, le fait de dire que la privatisation des entreprises publiques est une ligne rouge, ça ne peut que démoraliser et décourager tout le monde», s’exprime t-il, ajoutant que «malheureusement, lorsqu’on pointe du doigt ce genre de déclarations, l’UGTT n’accepte pas les critiques ».
D’ailleurs, le gouvernement et l’UGTT occupent, selon une métaphore qu’il a utilisée, respectivement les postes de pilote et copilote et l’UTICA n’est qu’un passager qui assume les conséquences. C’est pour cette raison qu’il demeure important aujourd’hui de revoir l’Accord de Carthage avec une grande volonté et fermeté pour résoudre les problèmes de fond de la Tunisie.
« C’est sous le toit du Contrat de responsabilité que toutes les parties concernées, notamment les signataires de l’Accord de Carthage, doivent se mettre autour d’une table pour résoudre les problèmes d’aujourd’hui et dresser une batterie de mesures et solutions fiables, et ce, sans aucun blocage idéologique qui ne peut que freiner la relance économique », conclut-il.