L’association des Jeunes Experts-Comptables de Tunisie ( AJECT ) a organisé une conférence de presse dans laquelle elle a procédé à l’examen du PLF 2018 pour l’année 2018.
Walid Ben Salah, membre-fondateur de l’association, est revenu sur la hausse du prix du baril ainsi que celle du taux de change. Il a déclaré: « Le budget s’est basé sur un coût du baril à 54$ contre un coût actuel de 53$ avec une tendance haussière pouvant atteindre 60$ en 2018 ».
Tout comme il a soulevé l’absence de mesures visant la traduction d’une politique économique conforme au Plan de développement quinquennal 2016-2020. De ce fait, ceci peut constituer un frein à l’investissement par le niveau d’inflation qui dépasse les 6%, sans pour autant oublier la dévaluation du dinar et l’augmentation de la pression fiscale qui sont autant d’indicateurs négatifs.
Cela dit, le bémol est que la « fragilité » de la situation est due en partie à une forte proportion de la masse salariale de la fonction publique ( 15% du PIB) en 2017 et en 2018, soit parmi les proportions les plus élevées au monde. D’où l’effet boule de neige.
Par ailleurs, l’AJECT a exprimé ses inquiétudes, lors de la conférence de presse, sur les dispositions du PLF 2018 qui ne feront qu’aggraver la situation, sans pour autant parvenir à trouver des solutions sur le moyen-long terme.
Evoquant l’exemple de l’augmentation de l’impôt sur les dividendes de 5 à 10% , il a été considéré que cela nuira à la stabilité économique, une condition nécessaire pour promouvoir l’investissement et la protection du climat d’affaires.
En outre, cette mesure, non accompagnée par la baisse de l’impôt sur les sociétés conformément aux choix adoptés au niveau du projet de la réforme fiscale, est de nature à dissuader les investisseurs. En outre, l’exonération des dividendes des sociétés totalement exportatrices constitue une injustice fiscale vis à vis de celles partiellement exportatrices. D’autant plus qu’elle pourrait engendrer une exportation d’impôt sur les dividendes de la Tunisie vers les pays de résidence des investisseurs étrangers. En d’autres termes, “cette mesure touchant l’impôt sur les dividendes devrait être abandonnée dans sa globalité”, soutiennent les membres de l’association.
De son côté, Ali Godi, expert-comptable membre de l’association, a lui aussi fait état de son inquiétude et recommande vivement de multiplier les efforts pour la lutte contre le secteur informel et l’évasion fiscale afin de moderniser l’administration de façon à faciliter les contrôles fiscaux, et surtout ne pas augmenter la pression fiscale, mais plutôt la réduire étant donné son impact direct sur la consommation et l’investissement.
Il a conclu: “ Il faut miser sur la bonne gouvernance afin de rationaliser les dépenses de l’Etat, mais plus encore faciliter, simplifier, clarifier et uniformiser les procédures fiscales, prévoir des mesures pour la relance de l’investissement et de l’exportation. Et enfin accélérer la réforme fiscale tant attendue”.