La crise économique s’est directement répercutée sur les équilibres budgétaires et sur notamment les dépenses publiques. Depuis au moins une dizaine d’années, le modèle économique tunisien a montré des signes d’essoufflement qui se sont accentués depuis, précipitant tous les indicateurs économiques dans le rouge, au point que les agences de notation ont placé la Tunisie dans la catégorie « spéculative ».
Cela a nécessité de mener les réflexions sur la mise en place des grandes réformes et la recherche des voies de sortie pour sortir de cette crise qui pourrait provoquer un nouveau soulèvement populaire.
Le financement de l’investissement est l’une des composantes des dépenses publiques. C’est aussi un pilier de la création de la richesse et de l’emploi, notamment dans les régions intérieures, mais comment financer l’investissement avec un budget destiné en grande partie à la masse salariale.
Pour répondre à cette problématique, l’Alumni IHEC Carthage a invité l’ancien ministre Mahmoud Ben Romdhane qui a affirmé que les différents gouvernements n’ont pas pu répondre aux exigences de la révolution faute de vision et de stratégie claire et intégrée.
« Les gouvernements de transition sont faibles et sans vision. Les budgets sont confectionnés à la hâte. Il n’est pas normal que le gouvernement fonctionne de la sorte ! », a-t-il souligné.
Et de poursuivre : « La loi de finances a été conçue dans l’urgence afin de minimiser les déficits et que le grand problème est le grand effectif dans les entreprises publiques. Le système de la retraite est à genoux. Nous sommes dans le gouffre. Ça va très mal ! ».
M. Ben Romdhane reproche aux différents gouvernements post-révolution le manque d’encouragement au secteur privé qui souffre, mais qui devrait créer au moins 15000 emplois chaque année.
Mahmoud Ben Romdhane a, par la même occasion, rappelé la faiblesse de l’Etat face aux revendications sociales en faisant allusion aux grèves dans le bassin minier et dans les sites de production pétrolière, qui, dans plusieurs cas, ont causé l’arrêt de la machine de la production et ont privé l’Etat de ressources financières importantes.
« La faiblesse de l’autorité de l’Etat, la corruption et les forces mafieuses sont les principales causes de la détérioration des services publics, la hausse des coûts des transactions et la baisse de l’investissement », explique M. Ben Romdhane.
Interpellé sur les solutions nécessaires et possibles pour sortir de la crise des finances publiques, l’ancien ministre a appelé à montrer aux citoyens « l’autre rive », les objectifs à atteindre et fonder un nouveau modèle dans la durée et une vision claire. « L’impératif c’est l’Etat« , a-t-il conclu son intervention.