Dans la masse d’informations en tout genre qui nous inonde, deux actualités concomitantes ont particulièrement attiré mon attention ces derniers jours.
D’un côté, un Lazhar Bouoni qui vient de faire le grand saut plongeant dans la consternation générale de ses proches et amis, victime de la haine implacable des hommes et de leur inextinguible soif de revanche. Revanche sur quoi ?Pour un petit détail de l’histoire, un homme intègre nous a quittés le cœur serré, la voix nouée, pour un monde meilleur.
De l’autre, un Abdelwaheb Abdallah que la justice vient de blanchir dans l’affaire du projet de raffinerie de pétrole de la Skhira dans le gouvernorat de Sfax.
Le premier poursuivi pour clientélisme et abus de pouvoir du temps où il était ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le second, dans le collimateur de la justice pour corruption.
Dans les deux cas de figure, quelques points communs : tous les deux sont juristes, tous deux ont enseigné à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) à son apogée, et tous deux se sont essayés à la diplomatie, l’un en tant que ministre des Affaires étrangères, l’autre en tant qu’ambassadeur. Tous les deux ont été très exposés, M. Abdallah plus que M.Bouoni, et ont connu la descente aux enfers.
Si pour ce dernier, la descente a mené jusqu’à la mort, pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, la pression judiciaire est descendue d’un cran, et signe des temps, on a vu Abdelwahab Abdallah réapparaître à Carthage après une longue éclipse, lors de la célébration des soixante ans du ministère des Affaires étrangères. D’un côté, on est meurtri, de l’autre, c’est le soulagement. Certains ont bien voulu rendre un hommage post-mortem au professeur disparu. D’autres, ont encore la rage au ventre justice ou pas justice.
Loin du tumulte ambiant, et des tentations revanchardes, il faudrait que l’on réapprenne dans ce pays à laisser la justice faire son travail. Que ce dernier ait été innocenté, cela ne peut que rassurer quant au degré d’indépendance de l’appareil judiciaire par rapport au pouvoir politique, surtout quand on sait qu’en ces temps troubles, ce ne sont pas les interférences qui manquent.
Que dans ce contexte, un Habib Ellouze,plus takfiriste que jamais, annonce son retour sur la scène via d’obscurs camps de prédication avec certainement la bénédiction de qui vous savez, cela ne fait que montrer que nos amis de Montplaisir sont toujours dans cette takia chère à Mawardi, et que le pays n’est pas prêt de sortir d’affaire. Quand les temps sont difficiles, c’est la dissimulation qui vient à la rescousse, et il n’y a pas mieux que distraire et berner en attendant des vents plus favorables. On appelle cela du culot. Un culot qui malheureusement, a changé de camp.
Après l’attaque au couteau dont ont été victimes au Bardo deux agents de la circulation, on est encore à se chamailler pour savoir comment qualifier l’auteur de l’agression : terroriste, radicalisé ou tout simplement agresseur.
Comment voulez-vous que le chef du gouvernement Youssef Chahed arrive à convaincre les Tunisiens du sérieux de sa guerre contre le terrorisme ?
Cela dit, le harcèlement sexuel à l’encontre des femmes est dans l’air du temps. Tout le monde en parle. Les langues se sont déliées, il était temps. Le sujet n’est plus tabou, et c’est tant mieux. Pas de pitié pour les harceleurs et les harceleuses (Eh oui, il y en a !).
Et cet autre fléau qu’est le harcèlement administratif ? Il existe pourtant. On en fait quoi ? On ne compte plus les milliers de fonctionnaires méritants qui peuplent l’administration et qui sont au bord de la crise de nerfs. Un pied-de-nez de la médiocrité à la compétence dont on ne cesse de se gargariser. Un véritable gâchis. Harcèlement sexuel, harcèlement administratif, même combat.