Tenue au siège de l’UTICA, une conférence-débat a ausculté l’état du partenariat entre les deux parties, en présence des premiers concernés par la question. Etat des lieux et défis.
» Vous n’êtes pas seuls. Nous sommes à vos côtés. Vous pouvez compter sur nous... » . C’est par ces mots que le président du Parlement européen, Antonoi Tajani, a tenu à rassurer la partie tunisienne présente lors de la table ronde organisée mardi dernier au siège de l’UTICA pour participer à la conférence autour du thème du partenariat privé Tunisie-UE au service de l’investissement, de la croissance et de l’emploi.
Intervenant à l’ouverture de la conférence à laquelle étaient présents le chef du gouvernement, Youssef Chahed, ainsi que de nombreux ministres et secrétaires d’Etat, des représentants des missions diplomatiques, des hommes d’affaires et représentants des médias, le haut responsable européen a salué les efforts déployés dans ce sens, tout en tenant à saluer les particularités de l’expérience tunisienne en la matière.
Et pour cause, il était question d’évaluer l’état des lieux du programme de partenariat entre les deux parties et du potentiel à promouvoir à ce propos, surtout au vu des étapes accomplies jusque-là, particulièrement à la veille des négociations sur l’Accord de libre-échange complet et approfondi ( ALECA) et au lendemain de la signature du document institutionnel s’y rapportant. Un état des lieux qui suscite de nombreuses questions quant à sa portée et ses implications.
Bien qu’il s’agisse là d’un partenariat aux multiples aspects et au potentiel certain, le constat qui peut en être fait n’échappe pas à une certaine controverse surtout sur le plan du rapport objectifs et possibilités pratiques. La question d’ailleurs formulée précisément par l’intitulée même de la table ronde, « attirer les investissements pour mieux connecter l’Europe et la Tunisie », traduit en quelque sorte cette réalité et par là même cette attente collective par rapport au projet de partenariat entre les deux parties.
« Gagnant-gagnant »
Hichem Elloumi, vice-président de l’UTICA a été on ne peut plus clair à ce propos. Dans son allocution de bienvenue, il a tenu à mettre en exergue l’importance de l’UE pour la Tunisie sur le plan économique particulièrement. Les rapports entretenus à ce propos témoignent de leur richesse et, surtout, de l’intérêt commun à les promouvoir. « La Tunisie se considère le partenaire privilégié de l’UE et elle l’entend, a-t-il dit, le confirmer ».
Et d’enchaîner « il y a de multiples raisons qui militent en faveur du renforcement des relations. Le décompte des acquis est là pour le prouver, tel le programme de mise à niveau ou celui d’appui à la compétitivité et tant d’autres jalons d’envergure à comptabiliser dans ce sens ». Pour M. Elloumi, l’important est de continuer dans ce sens et d’œuvrer à mettre en œuvre un programme conséquent de partenariat gagnant-gagnant. Pour cela des préalables sont nécessaires dont l’impératif de la lutte contre les effets nocifs du secteur informel, l’obligation de l’harmonisation des textes et le souci de mettre en œuvre le programme de réformes décidées.
L’ALECA constitue, selon lui, le principal dossier à travailler, tout en tenant compte du potentiel économique de chacune des parties. Il importe à cet effet tout en développant les démarches au niveau sectoriel (agriculture, filière agro-alimentaires et services) de veiller à développer des prérequis nécessaires, à savoir instaurer une approche fondée sur le déplafonnement et l’élimination des quotas comme cela est fait en ce qui concerne le Maroc, d’oeuvrer à bannir les barrières tarifaires et à faciliter la mobilité des personnes (visas) et des marchandises.
« Pour un véritable plan Marshall pour l’Afrique »
Pour Antonio Tajani, président du Parlement européen, l’importance du partenariat stratégique entre l’UE et la Tunisie est sans équivoque. Celui-ci, a-t-il dit, est bien établi et il faut lui donner tous les atouts pour le fructifier. « Je crois fort en la diplomatie économique et le thème de cette conférence-débat s’inscrit dans ce cadre-là ». Et de poursuivre à propos des défis à relever : « Il faut donner de l’espoir aux jeunes, militer pour combattre les désillusions et, surtout, gagner la bataille de l’emploi ». N’hésitant pas à ensoleiller ses propos, le responsable européen s’est attaqué à certains dossiers à traiter de toute urgence, particulièrement ceux relatifs aux inégalités régionales et aux réformes à mettre, dans les plus brefs délais, en œuvre. En même temps, il a insisté sur le fait de veiller à soutenir les PMEs et à encourager le secteur bancaire à aider les jeunes particulièrement.
L’importance du digital entre autres
Une affirmation de soutien à la Tunisie a été exprimée par le Parlement européen, en la personne de son président qui a souligné que l’aide financière à la Tunisie a plus que doublé depuis 2011 pour être évaluée à 3.5 milliards d’euros entre 2011 et 2016. Cela en plus du fait que la Tunisie a participé à plusieurs programmes de coopération dont celui baptisé « Erasmus » qui se rapporte au soutien de l’enseignement et la formation en matière universitaire. Ce programme pourra dans les quelques années à venir permettre à 1500 étudiants et enseignants de se former et d’enseigner en Europe et en Tunisie.
D’autres programmes font valoir aussi leur potentiel intéressant. Il s’agit de « Horizon 2020 » pour la recherche et l’innovation, de « Europe créative » pour l’audiovisuel et « Entreprise Europe » pour l’internationalisation des entreprises. Et d’insister, en terme de son intervention, sur la grande importance du digital qui est, selon lui, l’avenir pour tous et le grand défi de l’époque. Et d’appeler ce qu’il en est « un véritable plan Marshall pour l’Afrique ».
Promouvoir et affirmer
Youssef Chahed, de son côté, a affirmé qu’il souscrit entièrement à tout ce qui a été dit tout en insistant sur la portée historique des rapports de coopération entre les deux parties. La Tunisie selon lui se trouve confrontée à une situation de défis de nature sociale et économique surtout. Il importe à ce titre d’arriver « à maîtriser le déficit commercial et financier ». Le soutien du Parlement européen est d’un grand apport, lequel soutien a été renforcé avec la décision d’approuver « deux opérations d’assistance macro—financière respectivement de 300 et 500 millions d’euros ».
Et d’insister sur l’impératif de renforcer cet élan de soutien par une flexibilité conséquente en matière économique et commercial. Il a en outre appelé à ce qu’il y ait davantage d’actions en faveur d’un meilleur encadrement des objectifs économiques de la Tunisie et que le plan d’action stratégique pour la période 2018-2020 tienne plus compte des priorités économiques de la Tunisie comme cela a été défini par le plan quinquennal 2016-2020.
Le premier client, incontestablement
Une table ronde a pris le relais et a tenté de répondre à la question relative à la manière idoine pour attirer les investissements pour mieux connecter l’Europe et la Tunisie avec la participation exceptionnelle de spécialistes des deux bords, en l’occurrence Patrice Bergamini, Ambassadeur de l’UE en Tunisie, Hichem Elloumi, vice-président UTICA, Khalil Laabid, président de l’Instance Tunisienne de l’Investissement, Simone Mori, vice-président exécutif des affaires européennes, Frédéric Ronal, vice-président de la CCI Marseille Provence et représentant d’Eurochambres.
Les débats ont permis de ressortir de nombreux aspects de la problématique. A ce titre, il a été souligné que la Tunisie est le client numéro un de l’Europe puisque, sur les 3406 entreprises étrangères exerçant sur le territoire, 2471 sont européennes, soit un taux de 87%. La France arrive en tête, suivie de l’Italie et de l’Allemagne.
L’intérêt donc de faire en sorte que cela soit non seulement confirmé mais poussé vers l’avant n’est plus à démontrer. C’est ce que le panel de l’UTICA a fait ressortir. D’une manière on ne peut plus claire.