Le projet de loi relatif à la protection des forces armées est au coeur des débats. Faut-il adopter ce projet de loi ou non? Telle est la grande question que tout le monde se pose.
Il est clair que le débat est beaucoup plus complexe que ç’en a l’air. Il est étonnant de constater que certains articles sont nécessaires, alors que d’autres sont une violation manifeste des libertés individuelles des citoyens”, nous affirme Kerim Bouzouita, Docteur en anthropologie, tout en poursuivant : « On ne protège pas les forces armées en violant le Droit ». Evoquant l’article 12 de ce projet de loi, il évoque un article qui légalise l’arbitraire. « A titre d’exemple, « le dénigrement » ( tahkir) c’est un terme qui n’a rien à faire dans un article de loi », a-t-il martelé.
Et d’ajouter: « Nous avons déjà hérité de la logique des colonisateurs de plusieurs articles destinés à priver les Tunisiens de leur citoyenneté. Toutes ces lois sont dangereuses et sont contraires même au rôle de l’Etat qui est celui de protéger les citoyens et non de les livrer à l’arbitraire. De ce fait, le flou des termes les rend encore plus dangereux ».
Selon lui, l’article 12 du projet de loi est une arme chargée et pointée sur la tête de chaque Tunisien. Il en est de même de l’article 18 qui, selon lui, marque aussi une violation manifeste du droit. Et de poursuivre: « En d’autres termes, si un citoyen se fâche avec le fils d’un agent et que les mots fusent, le citoyen peut écoper cinq ans de prison ».
« La protection des forces armées doit se faire sur le plan social : en cas de blessure ou de décès pour une prise en charge sanitaire et psychosociale aux standards internationaux.
« L’Etat doit également assurer la subsistance et le confort matériel de la famille et l’Etat doit faire preuve de générosité », a-t-il indiqué.
Il a conclu: « Protéger les agents des forces armées et leurs familles ne se fera pas avec une inflation législative, c’est avant-tout les rassurer et leur affirmer qu’ils vivent dans un État de droit. Et pour cela, il est impératif de traduire devant la justice les politiques impliqués dans la prolifération du terrorisme. Si l’État ne rend pas justice aux victimes du terrorisme et à leurs familles, s’il ignore les revendications de vérité de justice et de mémoire, cela revient à fermer les yeux sur leur souffrance. C’est une philosophie et un message fort que l’Etat doit envoyer aux agents qui risquent leur vie tous les jours, tout en affirmant que « le sang n’a pas de prix ».
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