Loin des mouvements du marché actions, parfois incompréhensibles, tout investisseur doit faire appel aux règles de l’orthodoxie financière dans ses choix de placement.
Quelles sont les bonnes sociétés à acheter pour son portefeuille en 2018 ? Nous pensons qu’il faut préparer le nouvel an dès aujourd’hui, afin de profiter d’un effet janvier auquel nous nous sommes habitués depuis quelques années.
Les financières sous le feu de l’impôt
Commençons par les banques, le plus grand compartiment de la Bourse de Tunis. L’année qui s’achèvera dans quelques semaines était très bonne si nous limitons l’analyse aux PNB qui viennent d’être publiés par les établissements de crédit.
Le tableau ne sera définitif qu’avec l’intégration du coût du risque. Nous appelons nos lecteurs à consulter l’article de la semaine dernière pour mieux apprécier la situation réelle des banques.
Le leasing n’est pas dans une meilleure situation du point de vue fiscal, mais il présente une différence : le secteur peine à réaliser des performances comparables à celles des banques.
Depuis le début de l’année, il reste sur une légère contre-performance de 0,18%. Censés être fortement corrélés au rythme de la croissance économique, les loueurs continuent à doper leurs approbations (+28,2% à 2,128 milliards de dinars) et leurs mises en force (+29,5% à 1,664 milliard de dinars), mais le PNL a décéléré durant le troisième trimestre de l’année.
En cause, le coût du refinancement qui demeure très élevé alors que les taux de sortie ne peuvent pas continuer à monter. Autrement, il serait plus rationnel pour un agent économique d’emprunter auprès une banque. La dernière dette obligataire émise sur le marché, celle d’Attijari Leasing, est assortie d’un taux de 7,75%, ce qui laisse peu de marge aux compagnies de leasing. Avec le coût du risque (324,563 millions de dinars de créances classées fin septembre 2017) et l’impôt sur les sociétés, il ne faut pas s’attendre à de meilleurs jours pour le secteur.
Quant aux assurances, et étant donnée l’hégémonie de la branche Non-Vie intimement liée à l’activité économique, les bénéfices n’enregistreraient pas une évolution importante. D’ailleurs, les chiffres du premier semestre montrent une hausse inquiétante des ratios combinés. De plus, le secteur reste, par excellence, une boîte noire. Les risques sont difficilement appréciables ce qui fait que le marché attribue, par défaut, une décote à l’ensemble du secteur.
Les gestionnaires de portefeuille sanctionnés
Pour les gestionnaires de portefeuilles (SPDIT-SICAF et Placements de Tunisie-SICAF), la fin de l’année connaîtrait certainement plus de plus-values que de provisions. Néanmoins, la politique d’investissement de ces sociétés reste toujours passive, ce qui les prive de surperformer le marché. Elles ont également des participations privées sur lesquelles le marché n’a aucune information. C’est le même cas pour TUNINVEST-SIACR dont les performances dépendent de la réalisation de sorties de certaines participations. Autrement dit, une performance atone est attendue pour ces sociétés, mais les belles surprises ne sont pas à exclure.
Sociétés immobilières, l’étau se resserre
Le secteur immobilier traverse le désert. Avec une contre-performance de 12,5% depuis le début de l’année, l’exercice 2017 s’avère difficile. Même au niveau des comptes, les différentes compagnies n’arrivent plus à vendre suffisamment. C’est logique avec l’environnement actuel marqué par un resserrement de la liquidité et par les difficultés économiques des ménages. Avec la nouvelle proposition d’appliquer une taxe de 19% sur les acquisitions auprès des promoteurs, le secteur risque gros.
Avec le renchérissement des prix des terrains, des matières premières et de la maind’œuvre, il serait difficile de supporter les conséquences d’une telle décision. Nous nous attendons à des résultats modestes pour les trois sociétés immobilières cotées à la Place de Tunis bien qu’en matière de dividende, il est attendu que la rémunération des actionnaires soit toujours garantie.
En guise de conclusion, investir dans les financières ne s’avère pas une bonne idée. Il convient alors de rester à l’écart et de procéder à un stock picking très fin (A suivre).