La politique économique du gouvernement d’union nationale fait débat. L’offre d’emploi ne correspond pas à la demande avec un chômage en hausse. Pour toutes ces raisons, mettre en place des politiques claires et engager des réformes approfondies sont nécessaires pour une sortie de crise.
Dans le cadre de sa participation au World Economic Forum, à Genève, Aziz Majoul, membre fondateur du parti al Badil Ettounsi, a souligné que l’objectif de cet événement est de développer un outil appelé « Transformational map ». Il s’agit d’une carte des transformations du monde, pays par pays, secteur par secteur, un outil qui permet d’anticiper la marche du monde et d’en faire une opportunité pour les secteurs et les pays qui se projettent dans une vision.
Il a précisé: « Nous travaillons sur une vision pour la Tunisie depuis déjà deux ans que nous pouvons synthétiser par : Tunisie, un pays d’opportunités (Dawlett Fourass). Pour l’élaboration de cette vision, de nombreuses compétences tunisiennes ont été impliquées, ainsi que des acteurs des régions et secteurs. Ce travail se poursuit et nous allons impliquer davantage d’acteurs. L’étape scellée à Genève avec le World Economic Forum est de taille ».
Sa vision pour la Tunisie dans le cadre des futures transformations du monde consiste à anticiper ces transformations pour qu’elles soient une opportunité et non une menace pour la Tunisie. Il a ajouté: « Cette vision pour la Tunisie a été conçue avec tous ceux qui souhaitent la transformer en terre d’opportunités, dans un contexte mondial en mutation rapide ».
Rappelons également que dans le Board du WEF, de nombreux décideurs mondiaux et grands investisseurs sont représentés (FMI, Banques d’investissements, Multinationales, Universités, recherche, Gouvernements) : voilà un atout qui a son poids.
Impliquer le World Economic Forum veut dire un choix stratégique afin d’engager son réseau d’investisseurs dans les investissements d’avenir de notre pays et son positionnement comme pays à fort potentiel et ainsi inciter ces derniers à traduire leurs signes de soutien en investissements », a-t-il dit.
Et de poursuivre : » Je suis très optimiste pour l’avenir de ce projet. Nous avons passé, avec Mehdi Jomaa, Hédi Larbi et l’équipe du WEF, près de quatre heures pour transposer la vision initiale sur la carte des transformations du WEF à Genève. C’était pour moi une fierté de voir que la Tunisie était présente dans cette carte ambitieuse du monde, alors que si peu d’Etats arabes étaient encore présents et que le travail développé par des compétences tunisiennes au sein du think tank « Tunisie Alternatives » soit autant valorisé à l’échelle internationale. On en ressort avec de la fierté et un fort intérêt pour impliquer davantage de Tunisiennes et Tunisiens dans l’élaboration de cette vision : c’est notre prochaine étape ».
Crise économique conséquence de la crise politique ?
A cette question M. Majoul a répondu : » Ne nous voilons pas la face pour sortir de cette crise économique il faut une refonte globale de tout le système, à savoir pour commencer une simplification législative, réglementaire et une débureaucratisation totale de l’Etat, ensuite la digitalisation des services publics, la mise en œuvre de l’identifiant social et fiscal unique, la renégociation des accords commerciaux bilatéraux pour privilégier la production nationale à l’importation. Last but not least, un choc fiscal pour relancer l’exportation, les contrats-cadres pour les entreprises publiques, la loi d’urgence économique pour les grands projets structurants, la loi de moralisation de la vie publique contre les conflits d’intérêts et le mercato politique à l’Assemblée, l’open-gov et la transparence. Il faut en outre réorienter une partie du budget des infrastructures non exécutées vers le soutien aux TPE/PME pour créer un big bang entrepreneurial ».
Il a également mis l’accent sur l’importance de créer une dynamique de transformation du système administratif et économique; et seul ce choc de transformation permettra de sortir d’une économie administrée, dont la résultante est l’économie parallèle, et ainsi de faire en sorte que l’économique stabilise le politique, plutôt que de laisser le politique mettre l’économique en crise.
Grands défis économiques futurs et solutions
Aziz Majoul a déclaré que la mère des batailles, c’est l’emploi décent. Selon lui, de nombreuses solutions doivent être apportées, comme bien sûr relancer l’entrepreneuriat et l’investissement et surtout comprendre les raisons qui font que l’investissement tarde à venir.
Il est clair que l’investisseur est préoccupé par sa marge mais s’il doit assumer de nombreux risques, tels les risques logistiques, sécuritaires, de dévaluation, ceux liés à l’instabilité sociale, fiscale… il doit également avoir l’ assurance que l’Etat se porte garant pour couvrir tous ces risques en subventionnant une prime d’assurance, par exemple. L’investisseur est prêt à courir les risques liés à son investissement mais certainement pas à ceux liés au contexte politique, social, sécuritaire ou administratif.
Le groupe de la Banque Mondiale dispose d’une agence appelée MIGA, qui garantit les investisseurs étrangers contre le risque politique, d’expropriation, de change, sécuritaire, même de guerre civile ! Ce know-how existe, il ne tient qu’à nous de nous en inspirer », a-t-il fait savoir.
Il a conclu: « Mais réduire le risque n’est pas suffisant. Il y a également un problème de taille du marché. Le marché tunisien est exigu, et l’export est nécessaire. C’est pourquoi, il est fondamental de savoir cibler les pays vers lesquels nous exportons, là où nous avons un réel avantage comparatif. De plus, savons-nous négocier au mieux les accords commerciaux avec les partenaires actuels ? Si on analysait chaque pays par le prisme de notre potentiel export, on s’en sortirait beaucoup mieux ».