Sale temps. L’hiver polaire est de retour. Les pluies torrentielles aussi avec leur lot de dévastations et de désolation. Comme toujours. Usée et vieillotte, toute l’infrastructure du pays est à revoir de A jusqu’à Z. I comme cette inconscience qui nous suit partout, qui se fait envahissante, qui nous oppresse, nous étrangle. N Comme cette nullité qui occupe de plus en plus l’espace et qui veut s’installer pour mieux chasser le mérite. Et ce savoir qu’on assassine. N comme ces nuls qui nous bousculent et qui s’ignorent. I comme inconséquence, comme impuissance, comme insignifiance. N comme négligence, comme nuisance, comme… Néant. On pourrait multiplier à l’infini autant de I et de N, voire rajouter toutes les lettres de l’alphabet dans un pays où on peine encore à trouver les… ABC.
Mais tout d’abord, je dirais bien un mot sur les dernières JCC. Neijib Ayed le très prolifique homme de culture et de cinéma et président de la 28ème session, a été vraiment bien inspiré de revenir aux fondamentaux. Après les moments d’égarement, il était temps, même si je n’ai rien contre les paillettes et tutti quanti, à condition bien sur de ne pas en abuser. La programmation riche et variée, nous a vraiment donné envie d’aller à la rencontre d’autres cinémas. Merci à vous M. Ayed ainsi qu’à votre jeune équipe, même si trouver aujourd’hui une salle obscure en Tunisie relève du tour de force. Un petit bémol toutefois : pourquoi n’a-t-on pas tiré profit d’un tel évènement pour promouvoir lors des cérémonies d’ouverture et de clôture, l’habit traditionnel tunisien, et là, je parle de nos vedettes féminines qui ont défilé parées de leurs plus beaux atours… dommage que coté ministère des Affaires culturelles et ministère du Tourisme et de l’Artisanat on n’a pas eu assez de présence d’esprit.
Et je suis même tenté de citer encore une fois en exemple le Maroc, même si Carthage est une chose et Marrakech une autre. J’en viens maintenant à cette société du savoir à laquelle on aspire pour dire ceci : on veut des cancres, hé bien on les aura! Et si, vous voulez une preuve de l’état de délabrement de notre enseignement dont tout le monde sait qu’il est à un stade avancé, vous n’avez qu’à vous référer aux derniers propos du ministre de l’Education nationale Hatem Ben Salem qui répondait l’autre jour au feu nourri des questions de nos honorables députés, du moins ceux qui ont bien voulu faire l’honneur de leur présence dans un hémicycle qui aurait du en principe être rempli vu l’enjeu du jour. De quoi s’arracher les cheveux de rage et de honte devant l’incroyable et l’inacceptable : aucun des candidats du très controversé CAPES n’avait le niveau requis toutes disciplines confondues. On a du descendre jusqu’à des notes de tout juste dix, voire six, cinq et même quatre dans certaines matières, a déploré le ministre! Hallucinant.
Mais comment en sommes-nous arrivés là? On me rétorquera que nous avons les enseignants que nous méritons, et par voie de conséquence, les élèves que nous méritons, et par extension, les étudiants que nous méritons, car aucun secteur de notre enseignement n’est épargné. Fiasco sur toute la ligne, et des perspectives cauchemardesques. Le ministre Ben Salem était amer.
De mon coté, je n’en revenais pas; je suppose que les parents qui ont vu et entendu le ministre faire ce constat ahurissant, eux aussi, n’en croyaient pas leurs yeux et leurs oreilles. Qu’en pense-t-on à la place Mohamed Ali? D’habitude si prompt à faire feu de tous bois à la moindre occasion, que va dire celui qui se présente comme le défenseur sans peurs des professeurs, Lassaad Yacoubi? J’ai même entendu cheikh Abdelfatah Mourou rappeler avec force, du haut de son perchoir, que l’emploi était un droit garanti par la Constitution. Il n’y a pas à dire. Mais comment faire quand le diagnostic établi par le ministre, lui, est terrible?
Il n’est pas étonnant que le type de savoir que nous dispensons à nos progénitures ne figure pas dans les standards internationaux et que si nous avons la chance de figurer dans un classement, c’est toujours en queue du peloton. Savoir malmené, génération abimées. Des usines à fabriquer des ignares incapables d’aligner deux phrases écrites correctement. Voilà où nous en sommes. Que dire quand c’est l’enseignant lui-même qui affiche la même incapacité, la même ignorance… Affligeant. Comment ne pas s’indigner, comment ne pas être outré, comment ne pas être révolté devant un tel diagnostic? Et dire que beaucoup ne savent même pas que… E=MC² et qu’une équation peut être à plusieurs inconnues!
Ravageur. Pendant que nous devisons sur l’opportunité d’introduire ou pas l’usage de la tablette numérique dans notre système d’enseignement, Algériens, Marocains, Egyptiens et Sud-Africains envoient des satellites de surveillance dans l’espace; de quoi rester coite!
un projet réussi a été tout le temps le résultat d’un ensemble de paramètres à la fois. Parlons de l’enseignement et du système scolaire, il fallait revoir tout le chantier(je donnerai des modalités pratiques), dans le possible de nos moyens et ne pas nous comparer aux grandes puissances que leurs établissements sont repeints toutes les rentrées scolaires et les outils pédagogiques sont fournis et ne manquent pas.Les locaux, la ponctualité des enseignants, l’assiduité, le rôle administratif où la loi est la dernière à retrouver de la place, le laxisme qui a laissé l’apprenant insouciant car personne ne peut lui obliger quoi que ce soit, ni à l’école, non plus à la maison.En tant qu’enseignant, je vous raconte des vécus et des vérités.En sixième et en fin d’année, tout le monde passe au collège sauf 1 à 2/100 que leurs enseignants jugent incapables de poursuivre les études en 7ème. Généralement ces quelques malheureux n’étaient pas parmi l’équipe du centre-maison ou maternelle-formation.Les autres sont faibles en Arabe, nuls en Français, d’une présence avoisinant le rien au cours de l’année… et tu les verras en 7ème.Le directeur ne veut pas voir des problèmes causés par des types agités et insouciants; des fois intouchables. le système des évaluations qui dévore une bonne partie du temps global jugé en dessous des normes.
Les vérités: beaucoup de dits séances d’entraînement à la production écrite pour voir une production par quinzaine, une séance par quinzaine aussi pour la bibliothèque de classe en 5ème et en 6ème.Des textes squelettiques du livre de l’enfant où tu ne peut pas trouver trois lignes de suite qui méritent qu’on les apprenne.
Dans notre pays, on ne veut pas voir la réalité en face en tous domaine confondus, pas seulement l’éducation.
A quand des Hommes d’état, des stratèges capables de voir droit devant eux, une vision transparente pour le bien du pays et se voir graver leurs noms bien fort dans l’histoire des volontaires-audacieux.
Nous subissons le règne de la médiocratie après celui de la méritocratie…