Comment se présente et se définit la politique au XXIe siècle ? Cet art de gouverner et d’organiser le pouvoir a, depuis lors, bien évolué. Jadis, la politique était exercée et détenue par des “maîtres des horloges”, des rois ou des tyrans, exerçant la souveraineté.
Désormais, suite à l’entrée en scène des citoyens, elle se définit comme « l’ensemble des efforts faits en vue de participer au pouvoir ou d’influencer la répartition du pouvoir, soit entre les Etats, soit entre les divers groupes au sein d’un Etat » (Max Weber, l’esprit du capitalisme). Ce qui met, à l’ordre du jour, plutôt l’Establishment, l’échiquier politique, les forces d’influence et les contre-pouvoirs. L’exercice de l’autorité tend désormais à être partagé. Il y a désormais de nombreux acteurs. Les rapports de forces hiérarchisent ces politiciens – portent-ils de nombreux masques !
Dans cette nouvelle donne, le politique est le lieu d’interaction, pourrait-on dire, du social, de l’économique, et parfois de plus en plus, de l’éthique, du système de valeurs etc. Ce qui veut dire que le choix politique tient compte des objectifs, des enjeux et de l’exigence des faits. D’autre part, il serait, selon la définition du général De Gaulle, « l’art de mettre les chimères à leur place. On ne fait rien de sérieux si on se soumet aux chimères, mais que faire de grand sans elles ? « Qu’en est-il aujourd’hui?
Les politiciens proposent. Le temps dispose. Le temps, à moyen terme ou à court terme, du politique exerçant le pouvoir ne correspond pas au temps du citoyen, attendant la satisfaction de ses demandes. Il est perturbé par le temps des médias, c’est-à-dire de l’immédiat. Dans l’exercice de leurs pouvoirs, les dirigeants ne peuvent fixer le rythme réel de la vie politique et du calendrier effectif des réformes éventuelles.
D‘autre part, sous l’effet du bavardage médiatique, du discours unilatéral, « nous risquons de devenir un peuple de muets, frustrés de leur parole et qui se défouleront par la violence » (Albert Jacquard).
Peut-on rejoindre l’analyste qui affirme que « tous les pouvoirs, toutes ces ressources, institutionnelles ou politiques constituent une puissance, en trompe-l’œil, une illusion glorieuse » (Alain Duhamel, « Réformes : le mythe du maître des horloges », Libération, 14 septembre 2017).
Fin de l’idéologie, affirme-t-on volontiers! Mais point fin des classes. Le politicien tient compte nécessairement de la donne sociale, des attentes des différentes composantes de la société. Selon son appartenance politique, il affirme – pragmatisme oblige! – son orientation et fait valoir son choix de société. Constat d’évidence, confirmé par le pseudo « Printemps arabe », la population refuse de provoquer un inversement de la hiérarchie sociale. Elle peut être presque égalitaire, mais point révolutionnaire. Mais la décadence d’une société commence lorsque l’homme se demande « que va-t-il arriver? » au lieu de dire « que puis-je faire? ». Comment échapper à ce positionnement de repli, d’abandon et de soumission? Comment relever ce défi?