Le cimetière de Sidi Bou Saïd a accueilli le corps du créateur et styliste modéliste Azzedine Alaïa, conformément à sa volonté, aujourd’hui, 20 novembre. Amis, artistes et personnalités politiques sont venus pour dire adieu à un artiste qui a su porter haut le drapeau de la Tunisie, dans le domaine de la mode.
La triste nouvelle, qui a fait le tour du monde, tant son aura était scintillante de par le monde, a dévasté plus d’un. Au cimetière, l’émotion et la tristesse se lisaient facilement sur le visage des personnalités, ministres et artistes, présents aux funérailles. Ignorant la tradition qui interdit à la gent féminine d’assister aux obsèques, les femmes en nombre sont venues témoigner par leur présence leur reconnaissance à celui qui, sa vie durant, n’a eu de cesse de célébrer la femme par ses admirables créations. «Habib Bourguiba a libéré la femme et Azzedine Alaïa a aussi libéré la femme par ses travaux artistiques », n’a pas manqué de faire remarquer l’ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, qui a dit adorer sa démarche artistique et sa façon d’habiller les femmes . «C’est une révolution», continue-t-il. L’ambassadeur a indiqué qu’il gardera les souvenirs de l’amitié entre lui et l’artiste. «Quand j’étais enfant, j’admirais regarder les créations d’Azzedine Alaïa», conclut-il.
De son côté le ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, présent lors de la cérémonie a déploré la perte d’un «artiste qui a su être anticonformiste et dont l’art n’est pas tombé dans la redondance des formes. Il était singulier et il était unique et c’est la raison pour laquelle les métiers de la mode en général se sont révélés avec lui». Sur un autre volet, le ministre a indiqué que le ministère des Affaires culturelles commence déjà à réfléchir sur la tenue de la cérémonie du 40e jour du décès de l’artiste. Répondant à une question qui porte sur la possibilité de consacrer un musée dédié à la production de l’artiste : «Les travaux de l’artiste font l’objet de plusieurs engagements et nous allons voir ce que nous pouvons faire à ce sujet», indique-t-il. Ingénieux, créatif et inventif, c’est ainsi que le ministre a qualifié le regretté et de considérer que c’est un artiste qui a su exprimer à travers ses œuvres la relation entre l’art et l’histoire.
Le président de l’association tunisienne de la mode, Larbi Bougamha, a indiqué dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que la Tunisie n’a pas accordé une place de choix à l’artiste qui n’a jamais reçu d’encouragements de sa part. Répondant à la question de leconomistemaghrebin.com sur la création de l’artiste, il a indiqué qu’il s’agit de modèles qui n’ont pas souvent ciblé la Tunisie, «il s’agit de modèle plutôt fashion», explique-t-il.
Pour le styliste tunisien Salah Barka, la Tunisie a perdu un artiste irremplaçable, «comme il n’existe qu’un seul César et une seule Cléopâtre. Il n’ y aura qu’un seul Azzedine Alaïa», affirme-t-il. Profitant de l’occasion, il a lancé un appel aux jeunes créateurs leur demandant de comprendre l’œuvre de l’artiste disparu, avant de souligner que la formation à l’école n’est pas suffisante pour libérer les talents. «Azzedine Alaïa était un autodidactique et c’est en autodidacte qu’il a excellé dans son domaine», conclut-il.