La situation actuelle du marché de l’emploi et du chômage en Tunisie est extrêmement inquiétante. Le dernier chiffre révélé par Statistiques Tunisie fait état d’un taux de chômage de 15,3%, stable pour le troisième trimestre consécutif.
Le nombre de chômeurs dépasse désormais les 628 mille personnes, composé majoritairement de femmes. Ce taux passe même à 30,6% parmi la population des diplômés, soit près de 271 mille individus. D’ailleurs, la plupart des programmes nationaux pour la promotion de l’emploi se focalisent sur cette catégorie de demandeurs d’emploi, alors que ceux qui ne disposent pas d’un niveau universitaire semblent être oubliés.
A notre avis, il convient d’accorder plus d’attention à cette catégorie, car elle est significativement plus vulnérable face aux différents risques, allant de la délinquance au terrorisme. De plus, les centres de formation professionnelle sont loin de pouvoir offrir un nombre suffisant de bancs pour tout ce nombre de sans-emploi. La solution passe donc par des propositions de conditions intéressantes aux entreprises pour recruter de telles ressources et investir dans leurs formations.
L’un des principaux moyens pour booster l’enrôlement de ces chômeurs est l’allègement du coût de travail pour les entités économiques. Avec les hausses des cotisations sociales, les augmentations salariales annuelles et les conditions économiques difficiles, les sociétés seraient peu enclines à créer de nouveaux postes pour les années à venir.
Une nouvelle grille pour le SMIG pour lutter contre le chômage
Le niveau du salaire minimum est un obstacle pour une insertion sur le marché du travail des personnes les moins qualifiées et des jeunes. De plus, l’uniformité du salaire minimum ne fait que compliquer les choses et il faut passer à de nouvelles règles de revalorisation automatique, de régionalisation et de différenciation selon l’âge. Ainsi, nous proposons :
– Le lancement d’un SMIG indexé : ce SMIG est indexé sur le niveau de vie de chaque région et sera calculé sur la base d’un indice établi par l’INS. Le SMIG n’offre pas le même pouvoir d’achat selon qu’on vit dans une grande ville ou à l’intérieur du pays. Cela devrait inciter les entreprises à s’implanter davantage dans les régions intérieures du pays puisqu’elles vont pouvoir alléger leurs charges salariales. Le SMAG n’est pas soumis à cette règle et il est servi en totalité aux jeunes indépendamment de leur âge et de leur région, et ce afin de les encourager à s’orienter vers le secteur agricole.
– Le lancement d’un SMIG jeune : ce SMIG devrait concerner les jeunes dans la tranche d’âge 18-22 ans et qui ont quitté les bancs de l’école. Il varie de 60% du SMIG d’un senior pour celui de 18 ans et qui augmente 10% par année d’âge. Le SMIG total n’est servi par la société qu’à partir de 23 ans. La différence est assurée par l’Etat. C’est un programme significativement moins coûteux que ceux qui sont actuellement en vigueur. De manière concrète, avec le niveau de SMIG actuel, un jeune qui bénéfice de 4 ans de ce programme va coûter à l’Etat 4 752 TND, soit un montant inférieur au coût d’une seule année pour un diplômé recruté dans le cadre du contrat Al Karama. Ainsi, avec les mêmes dotations, un plan pour recruter 4 fois plus de sans-emploi pourrait être lancé.
Les conditions de réussite
Pour garantir que les entreprises n’abusent pas de cet avantage, il convient de limiter le nombre de contrats qui peuvent être signés dans ce cadre et s’assurer d’un taux d’intégration définitive de ces jeunes dans la société, au bout de quelques années, qui ne doit pas être inférieur à 50%. Cette intégration devrait être matérialisée par la signature de CDI. La parité homme-femme doit être exigée afin de pouvoir réduire le taux de chômage parmi les femmes, sauf pour les secteurs où cela ne peut pas être possible. Il faut également exiger aux entreprises, voulant bénéficier de ce type de recrutement, de respecter leurs engagements envers les caisses sociales.
Probablement, certains diraient que de telles initiatives ne feront qu’augmenter la précarité de l’emploi en Tunisie. Nous pensons que pour les jeunes, le plus important est d’acquérir un savoir-faire qui va les aider à accéder à des fonctions stables ou à créer eux-mêmes leurs propres projets. L’essentiel est de les impliquer dans une dynamique d’apprentissage qui finirait par la création de l’emploi.