L’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) vient de communiquer sur les grandes lignes d’une étude diagnostique et prospective sur le phénomène du commerce parallèle et la contrebande à la frontière tuniso-libyenne.
A travers cette étude l’ITES se réfère aux chiffres officiels sur le phénomène et propose une panoplie de solutions. Se référant aux chiffres publiés par le ministère de la Défense, il s’est avéré qu’en 2016 les services du ministère ont confisqué 721 véhicules, arrêté 1055 personnes et saisi 23 armes. En ce qui concerne les armes, les services du ministère de la Défense ont confisqué 1.894.320 litres d’hydrocarbures et 881.420 paquets de cigarettes, 13.214 boissons alcoolisées et 4123 têtes de bétail.
Autre indice alarmant. Dans des statistiques publiées au mois d’août 2014, le ministère de l’Intérieur a affirmé que les opérations de contrebande avortées sont en courbe croissante. La même source recensent 157 opérations soit une hausse de 21,30%. (894 procès du 1er janvier au 31 juillet 2017 contre 737 procès pendant la même période de 2016. Dans le même contexte, 52 personnes impliquées ont été arrêtées du 1er janvier au 31 juillet 2017 contre 80 pendant la même période de 2016).
En 2012, une commission secondaire chargée de la lutte contre la contrebande, au sein de la Présidence du gouvernement, a affirmé une hausse de 330% par rapport à 2011 des opérations de contrebande avortées.
L’ITES pointe du doigt la mondialisation si la contrebande a pris de l’ampleur. « Nous ne pouvons pas comprendre le phénomène sans revenir à sa couveuse principale, à savoir la mondialisation. La mondialisation a fait des pays du sud un espace pour l’écoulement des marchandises interdites dans les pays européens et aux Etats-Unis ».
La Tunisie ne déroge pas à la règle. Le président de l’Organisation internationale du travail a indiqué en 1991 que la contrebande contribue de 5 à 35% au PIB des pays et 300 millions de personnes travaillent dans ce cadre-là.
Mais dans les pays d’Afrique du Nord, il atteint 62%. En Tunisie 77,6% des Tunisiens utilisent des produits provenant de la contrebande. Le commerce parallèle contribue entre 15% et 20% du PIB et emploie 31% de la main-d’œuvre non agricole, d’après une étude faite par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Commerce parallèle: quelles répercussions sur l’économie nationale ?
Une enquête sur terrain a montré que les ouvriers agricoles et les petits agriculteurs sont en tête du peloton par rapport aux autres catégorie professionnelles dans l’exercice du commerce parallèle « et ce malgré les répercussions négatives du commerce parallèle sur le secteur agricole », fait remarquer l’étude.
L’étude recommande une panoplie de mesures: l’unification de la définition des termes commerce parallèle et économie informelle, la promulgation de la stratégie commune pour le développement paraphé par les pays maghrébins en 1991, par la création d’une zone de libre-échange des produits maghrébins.