L’agriculture tunisienne vit un psychodrame, depuis que les planificateurs des années soixante ont opté pour une industrie dite « Import-Substitution », c’est-à-dire un modèle où les bas salaires et les bas prix sont considérés comme des atouts pour faire face aux mouvements d’exode rural et à l’échec des coopératives et le choix de sous-traiter en Tunisie la fabrication de biens qui emploie de la main-d’œuvre avec des gestes répétitifs, comme la confection…
Pis encore, la tunisification des terres agricoles en 1964, n’a fait que détruire ce qu’il y avait de moderne à l’époque, sans le remplacer, ni par des techniques artisanales respectueuses du sol, ni par aucune autre pratique réellement génératrice de valeur ajoutée. Depuis 1964, nos performances n’ont jamais égalées le rendement des colons. Pour donner le coup de grâce, les coopératives ont détruit ce qui restait de viable.
Comme la persistance des choix de court terme ne peut durer éternellement, l’agriculteur tunisien refuse, surtout les jeunes, de reproduire la conduite de la tête baissée, avec un salaire de misère.
Aujourd’hui, avec la démocratisation des équipements électroménagers, de meilleurs salaires versés par les industries exportatrices… Il n’est pas admissible que l’exploitation d’un secteur par un autre se poursuive. Il n’est plus admissible également de voir les industriels distribuer de bas salaires et ce même si la Caisse générale de compensation permet de compenser les bas revenus des salariés ainsi que ceux de l’agriculteur.
Ce drame arrive à son terme, les jeunes agriculteurs ont le droit de gagner leur vie décemment, tout autant que les chefs d’entreprise. Un nouveau modèle de croissance basé sur l’équité entre les secteurs, la vérité des prix, le gain pour tous, est en gestation. Le secteur agricole doit pouvoir produire et vendre à sa guise. C’est alors que l’on ne parlera plus de CGC, ni de bas salaires. La vérité des prix serait partout la règle.
Quant aux industriels qui, depuis des décennies, font leurs choux gras sur les bas salaires, ils ne voudront pas entendre parler de ce modèle. Il est donc logique de dire, en paraphrasant Alain Peyreffite: « Quand l’Agriculture se réveillera, l’Industrie tremblera. »
Pas seulement les colons, mais encore les Romains, et le grenier de Rome.Pire encore le regard social à l’agriculture qui représente-dans les autres sociétés- la vraie indépendance d’autrui, qui engorge les nécessiteux à la bouffe, en des contrats de mort-vivant.Le-chez-nous(mon appellation personnelle) a été et restera toujours typiquement Tunisien.Les stratèges-s’ils ont existé- n’ont jamais eu la bonne vision des hommes d’état.Et avec ça, on ne pourra en aucun cas s’ambitionner à une révolution dans le domaine agricole sans une volonté et de l’audace… et un minimum de patriotisme.