La CTFCI-Promosalons et le salon INTERMAT Paris ont organisé, ce matin à Tunis, une session d’information et d’échanges dans le secteur des BTP sur le thème: «Construction et infrastructures: marchés et perspectives de croissance en Tunisie-Afrique-France», et ce, en présence de Laura Sanchez, Directrice de la communication du salon, Olivier Pradet, représentant Business France Tunisie, Faten Hentati, Directrice générale des ponts et chaussées au ministère tunisien de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, Jamel Triki, représentant du cabinet d’ingénierie et de contrôle Scet Tunisie.
Lors de sa présentation du salon international de la construction et des infrastructures «INTERMAT» qui se déroulera du 23 au 28 avril 2018 à Paris Nord Villepinte, Mme Sanchez a précisé que cet événement de grande envergure internationale accueillera 183 000 visiteurs et 1 500 exposants.
Il mettra en avant les nouvelles technologies et l’innovation afin de répondre aux enjeux de la digitalisation du secteur du BTP et proposer une offre diversifiée, et ce, avec la création de 4 villages thématiques, à savoir «Démolition & Recyclage», «Building Smart», «Smart Road» et «Start-up by Eurovia».
Mme Sanchez a annoncé que des projets de construction seront au cœur de l’édition INTERMAT 2018, et ce, par l’Observatoire INTERMAT qui constitue une veille des projets à l’horizon 2025/2030. Il s’agit de 150 projets analysés dans 12 pays de la zone EMEA, à savoir France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie, Royaume-Uni, Algérie, Maroc, Côte-d’Ivoire, Kenya, Qatar et EAU.
Interpellée par leconomistemaghrebin.com sur l’absence de la Tunisie dans la liste des pays ciblés, Mme Sanchez a précisé qu’il s’agit «d’un choix qui a été fait au préalable, parce que nous ne pouvons pas cibler tous les pays. Mais cet observatoire a pour objectif d’être enrichi par de nouveaux pays, dont par exemple la Tunisie qui peut être choisie parce qu’il s’agit d’un pays qui a toute sa place dans cet observatoire, notamment au vu de ses investissements dans les domaines des infrastructures et construction».
Toutefois, la responsable a indiqué que l’Observatoire a pour objectif d’identifier les marchés à fort potentiel, d’ offrir de nouvelles opportunités de développement, valoriser les synergies entre les exposants et les décideurs étrangers et établir une relation forte avec les marchés d’application.
Pour chaque pays ciblé, l’étude a été focalisée sur une présentation d’une analyse quantitative et qualitative documentée des 4 rubriques: indicateurs pays, potentiel marché, plans d’investissement, degré d’innovation et besoins en équipements/matériels des 7 secteurs, à savoir les infrastructures aéroportuaires, infrastructures portuaires, routier, ferroviaire, ouvrages d’art, mines & carrières, bâtiments résidentiels et fonctionnels. Elle s’est également focalisée sur une analyse détaillée des principaux imports.
Les résultats de l’étude ont fait ressortir que les pays d’Europe qui développent le plus les infrastructures urbaines et de transport sont l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, et ceux qui rénovent sont la Belgique et l’Italie.
Pour l’Afrique et le Moyen-Orient, il a été constaté qu’ils se caractérisent par une dynamique solide de croissance dans tous les domaines : l’Algérie, la Côte-d’Ivoire, les EAU, le Kenya, Maroc et Qatar investissent tous massivement dans les infrastructures pour faire face à l’urbanisation croissante et la croissance démographique, aux besoins de leurs citoyens et pour dynamiser la productivité de leurs économies.
Miser sur l’innovation pour répondre aux enjeux de la digitalisation du secteur du BTP
Laura Sanchez a annoncé que le concours Innovation Awards 2018 sera au cœur de ce salon, récompensant les matériels, techniques, services ou produits qui contribuent au progrès de l’industrie, de la construction et des matériaux.
Au sein des 4 pôles d’expertise d’INTERMAT, tels que «Terrassement & Démolition», «Route, Industrie des Matériaux & Fondations», «Levage, Manutention & Transport», «Bâtiment & Filière du Béton», 12 prix exclusifs sont à remporter lors de la cérémonie prévue pour le 18 janvier 2018, dont 4 prix «Equipements et Matériels» et 4 prix «Composants et Accessoires» des 4 pôles d’activité d’INTERMAT, ainsi que 4 prix spéciaux: «Transition Numérique», «Transition Energétique», «World of Concrete Europe» et «Start-Up».
Durant cette édition, INTERMAT et World of Concrete, rendez-vous européen de la filière béton, associent leur notoriété et leur savoir-faire et créent le World of Concrete Europe pour réunir la filière béton conjointement à INTERMAT Paris, sous le triptyque: une zone d’exposition intérieure, Concrete Demo (zone extérieure de démonstrations et un Forum composé de conférences et d’ateliers «La contribution du béton aux nouveaux défis collectifs».
A noter que les premières rencontre INTERMAT sont programmées jusqu’au 13 décembre 2017 en Europe, Afrique et Moyen-Orient (France: Lyon, Marseille, Bordeaux et Toulouse, Portugal, Espagne, Italie, Royaume Uni, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Allemagne, Tunisie, Maroc, Turquie, Sénégal et Norvège).
Investir en France: un pari gagnant
De son côté, Olivier Pradet a déclaré que la France est une économie internationalisée et attractive. Elle est 6e économie mondiale, 2e marché en Europe et elle occupe le 7e rang mondial pour le stock d’investissements directs étrangers sur son sol. Plus de 25 000 entreprises étrangères sont implantées en France, employant 1,8 million de personnes.
Et d’ajouter que ce pays a une position stratégique, d’où l’installation en France donne accès à un marché domestique de plus de 66 millions de consommateurs à fort pouvoir d’achat. Au cœur de l’Europe, elle est un point d’entrée vers les marchés de l’UE, la plus importante économie au monde avec plus de 500 millions de consommateurs.
La situation géographique de la France en fait aussi une plateforme privilégiée pour les régions Moyen-Orient et Afrique. Elle se caractérise également par ses infrastructures de qualité et son cadre privilégié.
Au niveau de la French Tech, M. Pradet a déclaré que la France a enregistré une hausse de 220 % du nombre de créations de startups par an entre 2012 et 2015, une hausse de 120 % du nombre d’investissements de fonds de capital-risque étrangers dans des startups françaises entre 2012 et 2016, une croissance de 53 % du nombre d’incubateurs et d’accélérateurs de startups avec tout un écosystème d’innovation.
Pour investir dans l’avenir, la France ne cesse, selon ses dires, d’accroître le potentiel technologique avec la création d’un fonds de 10 milliards d’euros pour l’innovation et l’industrie, de renforcer l’efficacité énergétique avec l’élaboration d’un plan climat et le lancement de l’initiative «Make our planet great again», de financer les technologies du futur avec un plan d’investissement de 50 milliards d’euros pour transformation numérique et investissement dans l’industrie et l’agriculture, de créer un nouveau titre de séjour pour attirer les talents étrangers par le lancement du Passeport talents, de créer une catégorie spécifique de visa pour les startups par le lancement du French Tech visa, ainsi que d’apporter une aide concrète pour l’installation des talents étrangers par la création du site web «welcometofrance.com».
S’ajoute à cela des clusters dédiés à la construction de grands projets d’infrastructures (projet d’aménagement du Grand Paris, la modernisation des infrastructures routières, ferroviaires, fluviales et maritimes, projet logements et habitat, organisation de la Coupe du monde de Rugby en 2023, organisation des JO en 2024, et organisation de l’expo universelle en 2025).
La Tunisie dispose d’un bon maillage routier mais…
Pour sa part, Faten Hentati, Directrice des ponts et chaussées au ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, a déclaré que la Tunisie dispose d’un bon maillage routier en comparaison des pays pairs. Cependant certaines dimensions nécessitent d’être revues, à savoir l’insuffisance des activités d’entretien et le cadre institutionnel limitant le développement rapide et de qualité du réseau.
Et d’ajouter que les besoins estimés en développement et entretien du réseau routier sur 15 ans coûteront 35 milliards de dinars. Il est, selon ses dires, nécessaire de bien prioriser les projets selon des critères clairs et d’opter pour d’autres modes de financement, à savoir le PPP.
Elle a affirmé, ainsi, que la première priorité du ministère sera donnée à l’entretien (300 MDT par an). Par ailleurs, il est nécessaire de revoir la stratégie d’entretien par la réalisation d’une base de données numériques (action entamée) et la mise en place de critères scientifiques de priorisation par l’externalisation progressive de l’exécution et par l’amélioration de l’exploitation du réseau.
Des mesures devraient, également, être prises pour améliorer le cadre institutionnel, et ce, afin d’améliorer le cadre général (organisation, incitations et conditions de travail), améliorer la réalisation des études et le suivi et contrôle des projets, offrir des opportunités de formation aux cadres de la direction générale des ponts et chaussées, améliorer la capacité de libération du foncier, la gestion des matériaux (carrières), la politique d’innovation et permettre le développement du tissu d’entreprises.
Revenant sur les grandes lignes du Plan stratégique du ministère à l’horizon 2030, Mme Hentati a précisé que plusieurs projets autoroutiers et routiers express sont programmés, à savoir la réalisation de l’autoroute Ecoso 385 km, autoroute jusqu’aux frontières algériennes (80 km), l’autoroute du Kef (100 Km), 2000 Km de voies express par dédoublement de routes classées et déviations, liaison permanente de la ville de Bizerte, rocades des villes, échangeurs et ouvrages d’art, réhabilitation et comblement de lacunes de 9500 Km de réseau classé de base, aménagement de 9000 Km de pistes rurales en ligne avec les capacités d’exécution, renforcement automatique des routes tous les 15 ans, entretien des voies express, voiries structurantes, ouvrages et réseau de base et renforcement des pistes rurales.
Pour les grands projets programmés, la responsable a cité la desserte autoroutière des gouvernorats de Kairouan, Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa (1660 MDT), Corridors stratégiques Est-Ouest reliant les gouvernorats de Kasserine, Sidi Bouzid et Gafsa aux gouvernorats de Sfax et Gabès (1200 MDT), liaison permanente entre l’autoroute A4 et la ville de Bizerte (750MDT), liaison Tataouine-Autoroute A1 (180MDT), liaison routière RR128 Ain Oktor-Korbous (75 MDT), élargissement de la pénétrante sud de Tunis en 2*4 voies (170 MDT), autoroute Boussalem-Jendouba (250 MDT), liaison autoroutière Kef-Autoroute A3 (700 MDT).