La violence à l’égard des femmes se manifeste de plus en plus, sous plusieurs formes y compris la violence morale, économique, physique et bien d’autres. Cela dit, la mise en application de la loi sur l’élimination de toute forme de violence à l’encontre de la femme adoptée à l’unanimité, en revanche, laisse à désirer. Elles sont encore plus nombreuses à avoir subi des violences. L’Association Tunisienne des Femmes Démocrates a présenté aujourd’hui son étude sur les archives du centre d’écoute et d’orientation des Femmes victimes de violence.
Selon un échantillon de 2561 dossiers, l’étude a montré que la répartition en fonction des structures d’orientation demeure faible où seulement 5.3% des femmes se sont adressées au centre et ont été orientées par des structures de soins.
L’étude a montré également que la répartition en fonction des mois de visite : les mois d’octobre (10%), de mai (9.8%) et janvier (9.6%). Notons que ces mois sont aussi les mois où il y a le plus de suicides en Tunisie. Les conduites auto et hétéro-agressives semblent se superposer dans le temps, ce qui pose la question des facteurs de stress psychologique au cours de ces périodes. Il ressort de l’étude que le traitement accordé à l’orientation et à l’accompagnement judiciaire des femmes victimes de violences présentent diverses défaillances et se heurtent à plusieurs obstacles, surtout avec la prédominance de la culture patriarcale.
De ce fait, l’ATFD a émis des recommandations, en mettant en avant la lenteur dans le prononcé des jugements, l’absence d’une magistrature et de services de police spécialisés quant au traitement de la question des violences subies par les femmes.
L’ATFD a mis l’accent sur la mise en œuvre de la loi contre les violences faites aux femmes. Evoquant les recommandations pour la société civile, l’ATFD opte à ce qu’il y ait une formation des militant(e)s de la société civile et d’intégrer la lutte contre les violences faites aux femmes dans leur programme d’action , coordonner et partager les tâches en matière d’accompagnement des femmes victimes de violences afin d’améliorer la prise en charge et faire connaître et assurer le suivi de l’application de la loi organique pour l’élimination des violences faites aux femmes.
Dans une déclaration à l’Economistemaghrebin.com, Najet Yacoubi, avocate près la Cour de Cassation, une des fondatrices de l’ATFD à titre bénévole, nous a souligné: « Cela fait des années que nous bataillons pour que la situation de la femme tunisienne s’améliore. Au jour d’aujourd’hui, nous y sommes arrivées grâce à la mobilisation de la société civile et à l’ATFD et au travail des associations, sans ce petit monde, rien n’aurait été possible. Mais il est clair que le chemin est encore long, à titre d’exemple que c’est aux magistrats d’appliquer les conventions internationales, où en sommes-nous vis-à-vis de l’égalité dans l’héritage. Ce sont autant de questions qui doivent être posées ».