Le débat organisé par le Courant démocrate autour du PLF 2018 n’a pas manqué de pointer les risques qu’il fait courir à l’économie du pays avec à la clé l’appauvrissement des Tunisiens.
Présent lors de ce colloque, Habib Karaouli, PDG de la Banque d’Affaires de Tunisie (BAT), a déclaré qu’une loi de finances est censée créer de la croissance et non pas le contraire. Il argumente à ce propos : « Il faut casser l’inaction et passer à l’innovation et à la relance économique ». Tout comme il a rappelé que sur le plan de l’investissement, « 13 gouvernorats ont connu une forte régression. 8 ont reçu à ce jour zéro investissement ! ». Il a rappelé que plus des deux tiers de l’endettement est extérieur alors qu’à un moment donné l’endettement était intérieur.
De son côté, Moncef Cheikhrouhou, expert en économie et professeur à HEC Paris, a exprimé ses inquiétudes sur les risques d’appauvrissement des Tunisiens induits par la LF 2018. Citant l’exemple du Maroc, il a fait remarquer que les entreprises publiques contribuent à 14% du budget de l’Etat. Alors qu’en Tunisie, les entreprises publiques ne font que creuser davantage le déficit du pays.
Il précise: « Quand l’action gouvernementale ne dispose pas d’une visibilité à moyen terme, on se demande où l’on va ? A mon avis, le choix est d’ordre politique. Il y a une citation qui résume la situation quand : « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument ». Or ce que nous avons accompli plus de six ans après la révolution est de préserver nos acquis, à savoir la démocratie.
De son côté, Hichem Ajbouni, membre du bureau politique du courant démocrate et expert comptable a souligné: “Nous devons mettre l’accent sur la croissance inclusive, en misant sur la création de la richesse. Cela dit, la situation actuelle ne nous permet pas de créer cette richesse. De ce fait, l’économie ne va pas évoluer tant que nous n’avons pas mis en place des réformes sur la lourdeur de la bureaucratie, en mettant en oeuvre la numérisation et éradiquer la corruption. La gouvernance devrait changer. ».
Evoquant la question du prix du baril de pétrole qui s’élève à plus de 60 dollars par baril, pour chaque dollar de plus, il faut réserver 121 millions de dinars pour le budget de l’Etat, en multipliant 6 dollars, cela nous fait 700 millions de dinars. « D’où l’intérêt à mettre en place un système de gouvernance », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, Ghazi Chaouachi, député du Courant démocrate, a souligné que la loi de finances a soulevé un tollé même au sein des partis au pouvoir. A la question de savoir si cette loi de finances pourrait malgré tout atteindre ses objectifs, il répond par la négative.
« Même si elle sera votée avant le 10 décembre, elle ne sera pas en mesure affronter les difficultés économiques, et celui qui paiera les pots cassés, ce sera comme toujours le citoyen Tunisien », conclut-il.