Les avantages tirés de l’intégration de la politique étrangère classique à la diplomatie économique, une nouveauté mise en place chez nous, sont connus de tous. Il s’agit d’un système institutionnel précurseur qui a permis à d’autres nations comme la Hongrie de tirer largement leur épingle du jeu et dont la Tunisie aurait grand intérêt à s’en inspirer…
L’observation de l’évolution de l’action en matière de diplomatie économique a permis de comprendre que la mondialisation a métamorphosé les conditions d’exercice de la diplomatie économique. Les experts ont mis en exergue trois résultats:
–Primo: la perte par les États de leur pouvoir relatif d’influence au profit des acteurs économiques privés;
-Secundo: les États ont des compétences et des aptitudes différentes à inter-réagir et à intervenir dans la diplomatie économique et donc à influer sur leurs sociétés respectives;
-Tercio: le développement de sphères de «non-gouvernance» (ungovernance), hors contrôle public, à l’image de la finance internationale qui représente aujourd’hui le talon d’Achille du capitalisme mondialisé. Le grand poids de l’économie comme champ majeur de l’activité diplomatique est reconnu et accepté par tous.
A souligner la montée du pouvoir relatif des acteurs économiques privés et la nécessité d’inclure dans la définition de la diplomatie économique et son champs d’intervention la trilogie: les relations États-États, États-firmes et firmes-firmes. C’est là que se négocient les trois problèmes de l’économie politique globale : l’absence de régulation de la finance internationale, la criminalisation de l’économie mondiale et le manque d’éthique économique internationale
Tout est dans l’harmonisation de la politique étrangère et de la diplomatie économique. Tout d’abord comment définir la Diplomatie économique? C’est, dit-on « l’ensemble des actions promotionnelles menées par les pouvoirs publics dans le but d’attirer davantage d’investisseurs étrangers et de les convaincre de venir investir sur un territoire économique ». Elle permet de promouvoir le label d’un pays en mixant l’action publique et l’initiative privée.
La diplomatie d’influence, elle mobilise les services scientifiques, techniques et culturels, les services responsables des politiques de développement, les migrations, le commerce, la sécurité économique, le tourisme… Nous sommes à des années lumières de la notion classique de diplomatie régalienne traditionnelle dans le sens où elle ingère des négociations économiques et commerciales en créant une sorte de diplomatie non gouvernementale.
La diplomatie économique est une destinée
Sabri Bachtobji, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères affirme: pour la Tunisie «la diplomatie économique est une destinée» et aussi «un véritable levier pour l’économie tunisienne». Les premiers pas de la Tunisie vers la diplomatie économique ont été franchis le 3 novembre 2016. Trois accords de coopération ont été conclus à la capitale Hongroise, Budapest, entre le ministre des Affaires étrangères, Khemaïes Jhinaoui et son homologue hongrois, Péter Szijjártó.
Des accords relatifs à la diplomatie économique et qui concernent les domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, du tourisme et du sport et de la jeunesse. Dans la même lignée, le 30 novembre 2016, une délégation hongroise de haut niveau a participé à la Conférence sur l’investissement Tunisia 2020 et dont l’objectif était la promotion du tourisme tunisien pour en faire une destination de prédilection des Hongrois. Sur ce sujet, Magyar Levente avait annoncé, que des discussions imminentes sont en cours pour qu’un vol direct reliant la Tunisie à la Hongrie soit établi au plus tôt. «Les Hongrois qui connaissent la Tunisie ont une très belle image de votre pays», a assuré le secrétaire d’Etat Hongrois.
La Hongrie est par ailleurs le seul pays à disposer d’un ministère de la diplomatie économique. La gouvernance de ce ministère se fonde sur trois piliers principaux .
Il y a tout d’abord la HIPA, une agence chargée d’attirer les capitaux étrangers. Puis la Maison de commerce national Hongroise, sa mission est de promouvoir et d’encourager les PME Hongroises via les Offices de la Maison de commerce national Hongroise qui se déploient dans plusieurs autres pays.
La 3ème institution qui est considérée comme la «colonne vertébrale» de la diplomatie économique est la banque l’EXIM. Une banque publique qui soutient les exportations du pays et a d’autres missions telles que le maintien du contact avec les acteurs du monde des affaires, l’octroi de crédits et de garanties d’assurances et la mise en place de programmes professionnels.
Un système bien rodé qui a fait ses preuves comme l’affirme Sabri Bachtobji : «Ce nouveau modèle mis en place il y a 3 ans, montre que cela fonctionne. Les chiffres sont promoteurs et les décisions qui ont été prises sont courageuses. Pour la Tunisie, il s’agit de poser les jalons d’une coopération fructueuse avec un pays qui se porte bien».
3000 personnes exercent dans la diplomatie économique hongroise. Il s’agit avant tout des ambassadeurs et des consuls, des chefs de missions diplomatiques ainsi que des attachés économiques et culturels. Ces personnes travaillent «pour le succès de la diplomatie économique et des activités diplomatiques classiques de la Hongrie».
Grâce à cette entreprise la Hongrie dispose «d’une présence globale indépendante dans le monde». Suivre ce modèle de diplomatie économique pourrait être tentant pour la Tunisie au vu des répercussions économiques avantageuses drainées par la Hongrie, grâce à la mise en place de ce système institutionnel. Avec Tunisia 2020, la diplomatie économique est donc d’ores et déjà appliquée, le cadre institutionnel vient d’être lancé.
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