Comme tous les ans, le Mouled (la fête de la naissance du Prophète Mahomet) est célébré comme le veut la tradition : « Assida » à base de zgougou (grains de pin d’Alep) et l’incontournable garniture composée essentiellement de fruits secs. Sauf que cette année, l’Assida risque de faire mal à la bourse des Tunisiens vu les prix exorbitants des ingrédients, les grains de pin d’Alep en tête. Reportage.
Bien que la fête du Mouled soit une fête de famille, cette année les prix du « zgougou » et des fruits secs, qui servent de garniture, ont atteint des sommets, au grand dam des consommateurs tunisiens; lesquels pensent sérieusement à recourir au plan B.
Warda, une jeune maman de trois enfants âgés de 13, 10 et 2 ans, nous confie: “En toute sincérité, nous devons tous être solidaires en appelant au boycott du zgougou. Alors qu’il était à 12 dinars, tout d’un coup il est passé à 25 dinars. C’est scandaleux! Nous devons tous être solidaires et le boycotter. Ainsi la prochaine fois, les spéculateurs réfléchiront à deux fois avant de faire monter les prix.”
Elle ajoute: “Je n’en reviens pas, en faisant les courses, je découvre que les pignons sont vendus à 100 dinars, ainsi que les pistaches. L’Assida serait-elle devenue un luxe réservé à quelques fortunés? Qu’à cela ne tienne, la solution alternative, c’est notre délicieuse « Assida » traditionnelle à base de semoule ou de farine, selon les envies de chacun, et le tour est joué. Nous pouvons tout aussi bien fêter le Mouled avec notre « Assida arbi » à base de miel, bssissa… pourquoi pas?”
Même constat pour Monia, une maman de deux filles qui rappelle que même si l’année dernière elle s’est laissé tentée, cette année elle a la ferme intention de ne pas tomber dans le piège. “Trop, c’est trop, s’exclame-t-elle, où est le contrôle des prix, pourquoi laisse-t-on faire ainsi?”
Mehrez, un père de famille, ne manque pas lui aussi de s’insurger contre le coût prohibitif du Mouled de cette année. “Faut-il contracter un crédit pour sacrifier à la tradition de l’Assida à base de zgougou? N’est-ce pas le rôle de l’Etat de réprimer ces dérives? Les spéculateurs qui profitent des fêtes traditionnelles pour saigner le citoyen devraient être traduits en justice? Que fait l’Etat? C’est inadmissible!”, s’exclame-t-il.
Ce tollé général semble avoir été entendu puisque dans plusieurs gouvernorats le prix du zougou a chuté brutalement, passant de 25 dinars à 17 dinars le kilo et même à 14 dinars, a annoncé l’Organisation de défense du consommateur (ODC), dans un communiqué rendu public.