Il ne reste que quatre semaines pour la Bourse de Tunis avant de clôturer son 48ème exercice. Il est certain que son indice de référence, le Tunindex, va terminer l’année 2017 sur une note positive, pour la deuxième fois de suite.
Mais quelle serait la tendance durant les 20 séances d’échange qui restent ? Bien que cela puisse paraître difficile à estimer, les habitudes de fin d’année qu’a développées la Place de Tunis s’avèrent extrêmement utiles pour résoudre cette tâche.
Tunindex : Opération habillage
La course au lifting des performances va commencer dès aujourd’hui. Il faut savoir que les quelque 123 fonds d’investissement actifs sur la Place calculent leurs performances sur la base des cours moyens du mois de décembre, publiés par la BVMT après la clôture de la dernière séance de l’année.
Ainsi, afin de surperformer le benchmark, le Tunindex dans notre cas, les gestionnaires procèdent à des opérations d’habillage, en boostant les cours des actions sur l’ensemble du mois de sorte à parvenir à une valeur « cible », définie selon le rendement recherché. Bien évidemment, chaque broker de la Place vise certaines actions. Ainsi, sauf surprise, le mois de décembre serait plus dynamique que ses précédents. Mais cela ne concerne pas seulement les fonds. Il y a même des entreprises qui cherchent à booster leurs titres en cette période.
En fait, dans la mesure où plusieurs managers ont des actions nanties auprès des banques, toute dégringolade du cours sur le marché peut coûter cher car il faudra que le dirigeant (ou l’actionnaire concerné) apporte des garanties supplémentaires ou injecte du cash.
Booster artificiellement le comportement du titre sur le marché est la solution idéale pour trois raisons : garder sa solvabilité auprès des banques, consommer moins de liquidité, et éviter les confrontations avec les actionnaires lors des assemblées générales.
Nous tablons même sur le fait que plusieurs titres, jetés aux oubliettes depuis une bonne période, seront à l’honneur vers la fin de ce mois. Ce ne sont pas de bonnes pratiques, mais ça se passe malheureusement comme ça dans un marché qui manque de profondeur.
L’un des principaux mécanismes mis en place pour atteindre ces valeurs cibles est le contrat de régulation de cours. Théoriquement, ces contrats sont mis en place afin d’assurer la liquidité des titres et éviter les variations excessives.
En pratique, on les utilise dans des opérations de window dressing. Néanmoins, ils ne sont pas efficaces dans tous les cas puisque l’acquisition de titres dans le cadre de ces contrats ne peut dépasser 10% du volume moyen des trente derniers jours de cotation. Donc, la stratégie devrait commencer dès le mois de novembre, ce qui n’est pas évident dans les conditions actuelles du marché. Il y a également les contrats de liquidité qui sont plus faciles à manipuler car il n’y a pas de limitations réglementaires dans leur utilisation. Actuellement, très peu de contrats de liquidité sont en vigueur sur la Place.
Bourse : une valse attendue sur le compartiment des blocs
Autre phénomène auquel il est attendu d’assister : la forte activité du compartiment de blocs. Le volume de ces transactions a été accentué depuis l’entrée en vigueur de la loi relative à l’imposition des plus-values en janvier 2011. Ces opérations entrent également dans le cadre de la valorisation des portefeuilles, qui permettent aux investisseurs de constater leurs plus-values en fin d’année (opérations d’allers-retours), ou de réaliser des échanges d’actions stratégiques.
A court terme, toutes ces opérations peuvent être bénéfiques aussi bien pour les particuliers que pour les institutionnels. Certaines d‘entre elles ont de réelles implications financières, mais la majorité portent sur le maquillage des comptes. A long-terme, ces manipulations sont néfastes pour le développement durable du marché actions tunisien car il ne sera jamais efficient.
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