Quand on proposa à Winston Churchill de couper dans le budget de la culture, pour aider l’effort de guerre, il répondit tout simplement : “Mais alors, pourquoi nous nous battons ?”
On a tort de définir volontiers la culture par les divertissements et les loisirs. Ils participent certes à notre quotidien, en marge ou plutôt comme conséquence du socle culturel, mais ne sauraient la traduire dans ses composantes essentielles et fondatrices.
La culture est ce qui soude une communauté, c’est-à-dire ce qui est appris, transmis, produit, créé/ou adopté par elle ; c’est-à-dire ce qui fonde sa cohésion et assure son vivre-ensemble, selon sa grille de valeurs.
Nous rejoignons la définition de l’anthropologue américain Kluckhohn : la culture serait “la manière de penser, de sentir et de réagir d’un groupe humain, surtout acquise et transmise par des symboles, et qui représente son identité spécifique : elle inclut les objets concrets produits par le groupe. Le cœur de la culture est constitué d’idées traditionnelles et des valeurs qui lui sont attachées”. Plus qu’une simple gestion des lettres et des arts, la culture est une manière d’être, une dynamique sociétale globale.
Ce “réservoir commun” évolue dans le temps et subit les effets des échanges et des mutations générales. La Tunisie bourguibienne a vécu une véritable révolution culturelle, sans réellement s’en rendre compte. Les Tunisiens ont profondément changé leur regard, adoptant les valeurs d’émancipation, de progrès et d’ouverture. Leurs discours en faveur du respect “des acquis”, de l’ère bourguibienne, lors de la conjoncture post-révolution, attestent leur prise de conscience tardive de leur promotion culturelle, menacée par la dérive… Voulant transgresser la vision passéiste et nostalgique, ils réaffirment actuellement plus volontiers, leur volonté de réaccorder leur pays avec le présent.
Les objectifs d’un révolution culturelle
La culture doit permettre au citoyen de s’informer, de se former et de se perfectionner : de s’accomplir en somme. La révolution culturelle qui devrait être mise à l’ordre du jour devrait assurer ces objectifs :
- Une vision globale d’émancipation, de progrès et d’ouverture, permettant de vivre notre temps,
- Une réactualisation de notre ère des Lumières, à l’appui des Prolégomènes khaldouniens, de l’esprit des réformes développé par le groupe Kabadou, Kheireddine, Ben Dhiaf, de la vision ijtihadienne de Tahar Haddad et, bien entendu, de la révolution bourguibienne,
- L’institution du débat et le développement de l’esprit critique, condamnant les vérités absolues, qui aliènent l’homme et bloquent sa réflexion.
- Mesure préalable, la promotion de l’exigence, pour élever le niveau de l’éducation et assurer la réalisation d’une production d’excellence.