Le 5 ème Sommet Union Européenne – Union Africaine, tenu les 29 et 30 novembre 2017, à Abidjan, s’est fixé pour priorité de « mobiliser les investissements afin de créer une croissance économique qui profite au plus grand nombre« . Trêve d’hypocrisie ! dira, sans doute, un observateur avisé.
Réunis avec leurs homologues africains dans la coquette capitale ivoirienne, Abidjan, dans le cadre du Sommet Union européenne – Union Africaine 2017, les dirigeants européens ont –une fois de plus- évoqué l’importance de la coopération économique entre les deux parties.
En témoigne la troisième priorité fixée par ce 5e Sommet Union européenne – Union Africaine 2017 : « Mobiliser les investissements pour créer une croissance économique qui profite au plus grand nombre ».
Un vœu pieux s’il en est – cela n’a pas été jusqu’ici le cas – suivi d’actes significatifs. Il faut se souvenir, à ce niveau, que déjà le premier sommet qui s’est tenu au Caire, en 2000, l’Union Européenne n’a cessé de promettre quasiment monts et merveilles au Continent noir.
Pour comprendre –encore une fois- cette troisième « priorité », il faudra sans doute comprendre le contexte dans lequel se tient ce sommet qui s’est focalisé sur les questions d’immigration et de sécurité.
Union Européenne: comment éviter la misère du monde
Pour l’Union Européenne –et ce n’est pas nouveau-, ce qui intéresse ses dirigeants c’est comment assurer sa sécurité et éviter que « la misère du monde » (pour reprendre une expression chère à un ancien Premier ministre français) ne se déverse sur son sol.
Autant dire que c’est la deuxième priorité et la quatrième fixées par le Sommet d’Abidjan qui sont les plus importantes aux yeux des dirigeants européens : « Paix et sécurité » et « Migration et mobilité« . Qui se soucient, surtout, d’apporter un soutien à toute action pour servir leurs intérêts évidents sur ce dossier.
Cela est de bonne guerre. Quel pays ne se soucie d’assurer sa sécurité et de réguler l’immigration ? Certes, donc. Mais n’est-ce pas mentir à soi et aux autres que de promettre un avenir solidaire en promettant de « créer une croissance économique qui profite au plus grand nombre ».
Autant dire que cette troisième priorité est à prendre avec des pincettes. Un proverbe tunisien dit à peu près ceci : « Si notre homme pouvait être efficace, il l’aurait montré depuis belle lurette ». Le vécu de ces dernières années a montré combien de fois l’Union Européenne a été bien défaillante au niveau du développement de ses partenaires africains.
« Une alliance reposant sur les principes de paix, de stabilité et de prospérité »
A commencer avec cette Union Pour la Méditerranée (UPM) qui, à la fin des années 2000, avait fait naître bien des espoirs pour » un destin commun entre les pays des deux rives de la Méditerranée ».
Tout le monde se souvient de cet aréopage de chefs d’Etat, réunis en grande pompe, en juillet 2008, à Paris, et de cette Déclaration qui parle de « relever les défis communs qui se posent à la région euro-méditerranéenne, comme: le développement économique et social; la crise mondiale dans le domaine de la sécurité alimentaire; la dégradation de l’environnement, y compris le changement climatique et la désertification, en vue de favoriser le développement durable; l’énergie; les migrations; le terrorisme et l’extrémisme; la promotion du dialogue interculturel ».
Qui évoque encore aujourd’hui cette UPM, mort-née ? Pratiquement personne. Au même titre que ce Processus de Barcelone, né en 1995, dans cette région de la Catalogne, qui par un hasard de l’histoire souhaite quitter l’Union Européenne, en vue « d’une alliance reposant sur les principes de paix, de stabilité et de prospérité, grâce au renforcement du dialogue politique et de sécurité, de la coopération économique, financière, sociale et culturelle ».