Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a donné aujourd’hui à Sousse le coup d’envoi des travaux de la 32e édition des Journées de l’entreprise, organisée par l’IACE, les 8 et 9 décembre, sur le thème : « L’entreprise et les opportunités de la décentralisation ».
Avant de donner la parole au chef du gouvernement, Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, a souligné que la décentralisation est une tendance mondiale, un processus progressif et un enjeu majeur pour la Tunisie. «Il faut tirer les enseignements des expériences passées. Il faut une vision sectorielle avec des compétences qualifiées. Il faut axer les efforts sur la formation professionnelle et revoir les mécanismes de la fonction publique », a-t-il dit.
A l’ouverture des travaux, Youssef Chahed a souligné que la décentralisation n’est pas un choix puisqu’ elle est inscrite dans la Constitution tunisienne de 2014. « C’est une approche participative et progressive. Les conseils municipaux élus et prévus dans le projet du Code des collectivités locales renforceront certes la démocratie locale », a affirmé le chef du gouvernement.
Et d’ajouter que l’impact de la décentralisation ne sera tangible qu’après environ dix ans. Pour le chef du gouvernement, les préalables de la décentralisation sont les élections municipales, la création de nouvelles municipalités et le Code des collectivités locales.
« La décentralisation va changer le modèle de développement régional et la démocratie participative locale et de proximité. Les conseils municipaux auront un important rôle dans le développement régional », a-t-il précisé.
Le chef du gouvernement n’a pas manqué de mettre l’accent sur l’importance des ressources financières locales, sur les ressources humaines et l’encadrement des compétences dans les régions. « Les horizons sont encourageants mais la décentralisation ne doit pas affaiblir l’Etat », a-t-il conclu.
Invité pour présenter l’expérience française en matière de décentralisation, l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, a précisé que les préalables de la décentralisation consistent à fixer des règles claires, éviter l’erreur de la complexité des responsabilités, assurer un climat des affaires propice et encourager la clarté.
« La décentralisation est une opportunité pour renforcer la confiance, notamment auprès des entreprises. Le maire est au cœur des activités économiques. C’est un manager de l’activité économique. Il doit créer des synergies nécessaires aux affaires », explique M. Delanoë.
Pour lui, la démocratie, objectif de la décentralisation, est un état d’esprit pour créer un mouvement favorable à la croissance et au dynamisme économique. Et de poursuivre : « La clé c’est la pensée de l’urbanisme et l’aménagement territorial qui devraient donner du dynamisme aux entreprises ».
L’ancien maire de Paris a recommandé d’élaborer d’avance des projets pour surmonter les obstacles parce que la décentralisation est un changement de mode de gouvernance avec des équipes formatées.
Le président directeur général de Comete Engineering Radhi Meddeb a, pour sa part, affirmé que la décentralisation est un acte purement politique et un transfert des prérogatives et des responsabilités pour concrétiser la proximité et l’efficience.
« La décentralisation ne se fait pas spontanément. Entre le faire et le dire, il y a toujours des difficultés à prendre en considération. Aujourd’hui, il y a confusion entre décentralisation et déconcentration. La décentralisation est un processus long en vue d’installer dans les régions les compétences nécessaires et qualifiées », explique Radhi Meddeb. « Malheureusement, la décentralisation intervient au moment où les finances publiques souffrent. Les exigences des citoyens seront fortes », a-t-il déploré.