Sept ans après la révolution tunisienne beaucoup de choses ont changé en bien et en mal mais les Tunisiens ne voient pas encore le bout du tunnel de cette transition qui donne l’impression de faire du surplace. La fondation Konrad Adenauer S. et Sigma Conseil viennent d’organiser un débat sur ce sujet et dressent un état des lieux peu enchanteur de la situation actuelle du pays.
80% des Tunisiens pensent que la situation actuelle inspire de sérieuses inquiétudes. Selon Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil, la révolution déclenchée par les jeunes a été confisquée par les adultes. « C’est le sentiment général », déclare M. Zargouni.
Sur le plan économique, 90% des Tunisiens considèrent que les slogans de la révolution ne se sont pas concrétisés. 47% des jeunes entre 18 et 35 ans ne voient qu’une solution: quitter le pays.
Le volet économique
De son côté, Radhi Meddeb, PDG de Comete Engineering, souligne que la croissance est une partie de la solution et non pas toute la solution.
Pour Chawki Gaddes, président de l’Instance nationale de protection des données personnelles, les enjeux sont clairs. Il nous précise: « Je ne veux pas être pessimiste, car tout reste à faire. Tout est en chantier, les délais ne sont pas respectés. Mais il faut continuer la marche car on ne détruit pas une maison en cours de construction ».
Khadija Moalla, consultante internationale senior en leadership, droits humains & droits des femmes, Gouvernance et Objectifs du Développement durable, déclare: « Le constat est malheureusement assez amer. Il n’est pas à la hauteur de tous les rêves des Tunisiens. Il est très loin. Or au-delà de la liberté qu’on a acquise, je pense que la plus grande régression c’est d’avoir permis à l’islam politique de gérer notre pays avec les conséquences que l’on sait ».
Elle poursuit: « Pour moi, sans une séparation claire de la religion avec les institutions, les lois et l’Etat, il n’y aura pas d’avenir pour les Tunisiens. Nous nous trouvons à un moment crucial où nous devons absolument faire un choix, qui est celui de la laïcité qui, selon moi, est fondamentale alors qu’elle figure dans notre Constitution. Or autant l’appliquer et arrêter cette contradiction entre l’article 1 et l’article 6 ».
Les pouvoirs publics sont-ils à l’écoute des Tunisiens? A cette question elle a répondu par la négative. Elle ajoute: « Aujourd’hui, nous avons besoin plus que jamais d’une équipe que j’appellerai de compatriotes incorruptibles. Seule cette équipe, au-delà de n’importe quel agenda, pourra réellement faire la différence ».
Et de conclure: « Ayant très bien connu la région arabe pour y avoir travaillé et sillonné pendant des années, je suis d’avis qu’il n’y a qu’un seul pays dans la région arabe capable de réussir, c’est bien la Tunisie et il n’y aura pas d’autres. Alors faisons-le pour nous-mêmes, pour tous les compatriotes, faisons- le pour la région arabe car nous avons besoin d’un exemple de réussite, un seul et on pourra avancer ».
Les Tunisiens attendent impatiemment un profond changement. Seuls les bonnes décisions et les choix opportuns pourront faire bouger les choses et faire réellement la différence. Wait and see!