Lors des travaux du Sommet « One Planet Summit » consacré au réchauffement climatique et à ses répercussions sur l’environnement, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, en visite à Paris, a rencontré son homologue Emmanuel Macron. C’est dans ce cadre qu’il a accordé une interview à nos confrères du journal “Le Monde”, interview où il fait le point sur la situation actuelle du pays.
D’emblée, ce sont la lutte contre la corruption et la loi sur la réconciliation économique qui ont été évoquées. Béji Caïd Essebsi, à l’origine de ces initiatives, a souligné que la loi de réconciliation « ne vise que les fonctionnaires compétents qui ont exécuté des instructions directes et irréfragables du pouvoir de l’époque. Cette loi de réconciliation vise à profiter de l’expérience des hauts fonctionnaires qui, de peur d’être poursuivis, préfèrent laisser leur poste vacant. »
Evoquant la question du régime présidentialiste, il a répondu: « Nous n’avons pas de système présidentiel. L’exercice de mon mandat est soumis au contrôle populaire. Il n’y a donc aucune chance que le système actuel débouche sur un quelconque présidentialisme. » Et de poursuivre: « Personnellement, je suis pour un système présidentiel bien contrôlé pour éviter la dérive présidentialiste que nous avons connue sous Ben Ali et Bourguiba. »
Interrogé sur son intention de se présenter aux présidentielles de 2019, BCE a souligné: « Quand je me suis présenté, j’avais 88 ans, et à la fin de mon mandat, j’en aurai 93. Je suis quelqu’un de sérieux. Mes obligations vont jusqu’en 2019, et l’avenir est à Dieu. »
Quant au retour des anciens ayant travaillé avec Ben Ali, qu’on retrouve au gouvernement, M. Essebsi a indiqué: « Quand Ben Ali était au pouvoir, deux millions de Tunisiens travaillaient avec lui. Chaque Tunisien a le droit de participer à la vie dans son pays. Ce n’est pas un crime d’avoir travaillé avec Ben Ali. C’est comme si on voulait les déchoir de leur nationalité. Et ça personne d’autre que la justice ne peut le faire. »
Evoquant le rapport de l’ONU, qui souligne que le nombre des Tunisiens ayant rejoint des groupes extrémistes comme Daech, ou Al-Qaida, s’élève à 5500, il a répondu: « C’est exagéré. Il y en a 2 000 environ. C’est trop évidemment, mais maintenant, les choses sont maîtrisées. En cas de retour, ces personnes sont soumises à la loi. Beaucoup sont en état d’arrestation ou en résidence surveillée. »
Concluant par le volet de l’égalité devant l’héritage entre hommes et femmes, une annonce faite par le Chef de l’Etat, à l’occasion du 13 août 2017, BCE a évoqué ce débat tabou. « Au sujet de l’égalité devant l’héritage, j’ai créé une commission qui va préparer les textes appropriés. Pour le moment, Ennahda n’a rien dit, mais je ne pense pas qu’ils y verront un inconvénient majeur. La Constitution de 2014 pose les bases d’un Etat civil, non religieux. Je ne reviendrai jamais sur ma promesse, car sans promotion de la femme, il ne peut y avoir de démocratie. »