Nous nous trompons probablement en disant que nos politiques ne se sont pas assez interrogés sur la perception que peut avoir de leurs faits et gestes le citoyen lambda dont le quotidien est des plus durs. Ne pensent-ils pas que ce dernier ne voit là qu’un personnel politique qui est bien éloigné de ses soucis quotidiens?
Nouvel épisode de la recomposition de la scène politique en Tunisie, avec le refus du chef du gouvernement, Youssef Chahed, d’accepter la démission de deux ministres et deux secrétaires d’Etat d’Afek Tounes, après la décision de ce parti de quitter le gouvernement.
Maintien donc du ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Riadh Mouakher, du ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Faouzi Ben Abderahmane, du secrétaire d’État à la Jeunesse Abdelkadous Saadaoui, et du secrétaire d’État auprès du ministre du Commerce, chargé du Commerce extérieur, Hichem Ben Ahmed, au sein du gouvernement.
Il s’agit d’un second couac. On se souvient qu’Iyed Dahmani, porte-parole du gouvernement et ministre chargé des relations avec le Parlement, a préféré, le 4 novembre 2017, quitter son maroquin quand son parti Al Joumhouri avait décidé, comme pour Afek Tounes, de retirer sa confiance au gouvernement de Youssef Chahed.
« Tourisme partisan »
Le paysage politique n’en finit pas de connaître des quasi-turbulences. Deux nouveaux groupes sont apparus récemment, redessinant ce paysage ces derniers temps : la nouvelle «Troïka» constituée par Ennahdah, Nidaa Tounes et l’Union Patriotique Libre (UPL) et le Front centriste et progressiste constitué par Machrou3 Tounes, Afek Tounes, des députés de Nidaa et des indépendants.
Des recompositions qui s’ajoutent à d’autres. On se souvient qu’entre 2011 et 2014, des membres de l’Assemblée Constituante ont quitté leur parti pour aller rejoindre d’autres, brouillant bien des pistes permettant de comprendre le poids des uns et des autres.
Une pratique qualifiée par certains, non sans une touche d’humour, de «tourisme partisan». Légitimée, selon toujours certains, d’un bénéfice quelconque. Une consécration due au fait que les politiques de la Révolution n’ont pas fait mieux que les caciques du Benalisme tant critiqués.
Nous nous trompons probablement, en disant que nos politiques ne se sont pas assez interrogés sur la perception que peut avoir de leurs faits et gestes le citoyen lambda dont le quotidien est des plus durs. Ne pensent-ils pas que ce dernier ne voit là qu’un personnel politique qui est bien éloigné de ses soucis quotidiens?
L’ «heureux élu», Yassine Ayari, a obtenu… 265 voix
Nos politiques n’ont-ils pas réfléchi un instant au fait que notre citoyen lambda évalue ce qu’ils disent et ce qu’ils font à travers le seul prisme des retombées financières, du prestige et de la satisfaction d’un ego encombrant ou encore d’intérêts partisans?
Nos politiques pourraient évidemment dire ce qu’ile veulent. S’expliquer. Légitimer ce qu’ils disent ou font. Jusqu’à défendre l’indéfendable. Les citoyens, ou du moins une partie d’entre eux, ne les croiraient sans doute jamais!
Un fait doit, à ce niveau de la réflexion, retenir toute notre attention : les élections législatives partielles pour l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) qui se sont déroulés les 15, 16 et 17 décembre 2017 en Allemagne. Le taux de participation des électeurs n’a été que de 5% des inscrits. Et l’ «heureux élu», Yassine Ayari, a obtenu… 265 voix.