Peut-on parler d’un divorce consommé entre Ennahdha et Nidaa Tounes, après l’annonce des nouvelles orientations stratégiques de Nidaa Tounes, qui a bel et bien l’intention de revoir ses structures, depuis son échec aux élections législatives partielles en Allemagne? Tel est l’objet du débat sur les chaînes télévisées.
Abdelaziz Kotti, un des dirigeants du parti Nidaa Tounes a souligné que son parti assume pleinement les résultats escomptés. Il précise: « Ce sont les règles de jeu de la démocratie. Nous devons tirer des leçons du passé. D’ailleurs, on voit bien un fossé séparant les électeurs et les acteurs politiques. Il est temps de se remettre en question. Tout comme il y aura de grands changements à ce niveau entre le discours politique du parti, la ligne politique, et bien d’autres sujets…mais le plus important dans tous ceci c’est de revoir nos relations avec le mouvement Ennahdha, qui nous a causé beaucoup de mal auprès de nos électeurs. Et on les comprend d’avoir choisi la carte du vote de sanction. »
Et de poursuivre: « Nidaa Tounes a recueilli certes 253 voix. Mais si nous avions réuni les partis démissionnaires, comme Machrou3 Tounes, dont le secrétaire général était issu de ce parti, idem pour Saïd Aïdi, nous aurions pu obtenir 610 voix. Le constat est clair; il est temps d’agir et de poser les vraies questions. Notre principale erreur est la dispersion et certains partis ont profité de la crise à Nidaa Tounes, comme Ennahdha. Et le résultat des élections en Allemagne en est la preuve vivante, ayant conduit à la réussite de l’extrémiste Yassine Ayari, qui représente d’autant plus l’anti-système. »
Pour M Kotti, le parti a été trahi par Ennahdha : « Si nous sommes arrivés à ce stade, cela est dû en partie à la coalition avec Ennahdha, la principale cause. Nous devons nous unir. D’ailleurs, il ne faut pas se leurrer, on sait très bien que le mouvement Ennahdha a bien caché son jeu, en choisissant son candidat Yassine Ayari comme il l’a fait en 2014 lors des élections présidentielles, en soutenant Moncef Marzouki ».
Samir Dilou, un des dirigeants du mouvement Ennahdha est revenu, quant à lui, sur le taux d’abstention, qui est énorme. Tout comme il a rappelé que son parti n’a pas trahi Nidaa Tounes, ce « que certains veulent nous faire croire. Pour rappel, en 2014, il n’y avait aucune consigne de vote contre Béji Caïd Essebsi, les électeurs avaient le choix de voter librement », a-t-il indiqué.
Quant au dirigeant Mohamed Troudi, député de Machrou3 Tounes, il a affirmé que la coalition entre Nidaa Tounes et Ennahdha est une coalition contre-nature. Il ajoute: « D’ailleurs, c’est en partie cette alliance qui nous a poussés à quitter Nidaa Tounes. Par ailleurs, nous nous attendions à ce qui s’est passé lors de ces élections. »