La dégradation du climat d’affaires et l’instabilité du cadre légal et réglementaire touchent à plusieurs secteurs. Le réveil devrait être brutal, notamment pour un secteur vital pour l’économie tunisienne comme celui de l’industrie. Ces sept dernières années le secteur a perdu environ 400 entreprises dont 113 sites de production industrielle en 2017. Ce qui vient de se produire est d’une extrême gravité. Cela signifie aussi autant de postes d’emplois et de points de croissance perdus.
Conscient de cette situation, le Groupement Professionnel de la Confection et de l’Habillement relevant de la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie CONECT (GPCH -CONECT) a organisé aujourd’hui 20 décembre 2017 au siège du Centre de Promotion des Exportations (Cepex) la 2ème Journée Nationale du Textile et Habillement, sur le thème: «Comment réussir le repositionnement du secteur Textile et Habillement en Tunisie?»
Faire face à l’importation anarchique
Pour le cas du secteur du textile – habillement, les professionnels ne peuvent pas se plaindre du manque d’institutions d’appui (financement et accompagnement), mais c’est tout le climat d’affaires qui est aujourd’hui remis en cause. Il est donc temps d’engager le secteur textile – habillement dans une logique de croissance et de compétitivité.
Ce secteur compte aujourd’hui 1672 entreprises et assure 161 000 postes d’emploi, soit environ respectivement 31% des entreprises et 33% des emplois dans l’industrie manufacturière.
Toutefois, l’importation anarchique et solutions de facilité ont beaucoup impacté le secteur textile – habillement. Si cette situation perdure nous assisterons à la fermeture de centaines d’unités industrielles au détriment du secteur commercial. Les autorités devraient, dans l’urgence, procéder à un contrôle très approfondi des produits textile et habillement et protéger l’industrie tunisienne à l’importation.
2018 : année de la relance du secteur textile – habillement
Interpellé par leconomistemaghrebin.com à l’occasion de cette journée, Samir Ben Abdallah, président du GPCH –CONECT, a tenu à préciser que le risque pris par les entreprises industrielles est beaucoup plus élevé que celui pris par les sociétés commerciales. «Pour sauver le secteur, les 25 procédures décidées récemment par un Conseil ministériel restreint au profit du secteur textile – habillement devraient être appliquées le plus tôt possible. Une des mesures décidées consiste au fait qu’une partie des produits commercialisés en Tunisie par des enseignes étrangères devrait être fabriquée en Tunisie», a-t-il souligné. M. Ben Abdallah a souligné l’importance d’accompagner les jeunes créateurs. «Les jeune sont la locomotive de demain. L’année 2018 sera celle de la relance du secteur», a-t-il dit.
Tarek Chérif, président de la Conect a, pour sa part, souligné que «le pays a encore des avantages comparatifs. Mais, «nous devons agir. Etre un industriel n’est pas une panacée. Il faut remettre l’industrie à la place qu’elle mérite dans le tissu économique du pays. Tous les avantages sont donnés au commerce. Il faut accorder aux industriels des incitations financières, créer de la valeur et encourager les exportations», ajoute le président de la Conect.
Slim Feriani, Ministre de l’Industrie et des PME, a mis l’accent sur le rôle du partenariat public-privé pour booster la compétitivité du secteur textile – habillement. Il a, à ce propos, rappelé le plan de relance 2017-2018 fixé par le ministère pour engager le secteur dans une logique de croissance. « On est proactif. Plusieurs mesures décidées ont déjà été mises en œuvre ».
Projets ambitieux
La 2ème Journée Nationale du Textile -Habillement a été aussi l’occasion pour plusieurs institutions de présenter leurs projets pour l’appui de ce secteur. Mme Aziza Htira, PDG du Cepex, a rappelé les différents programmes mis à la disposition des exportateurs du secteur. Il s’agit notamment d’un nouveau programme promotionnel au profit du secteur à travers la participation à des salons et à des missions de prospection de plusieurs marchés étrangers.
Samir Haouet, directeur général du Cettex, a pour sa part présenté les perspectives du développement de la filière textile – habillement. Les efforts du Cettex seront désormais axés sur l’innovation, le renforcement de la filière de l’ennoblissement textile, l’amélioration de la qualité et le design, l’adaptation de la formation aux besoins des entreprises, la création de nouveaux cursus et surtout l’amélioration de la logistique.
Parmi les nouveaux projets du centre, M. Haouet a cité la création du centre des ressources technologiques (CRT) à Monastir pour le renforcement du volet recherche et développement pour encourager l’innovation et la créativité en matière de technologie des couleurs à travers le laboratoire «Couleurs». Ce nouveau centre emploiera 21 personnes.
Optimiste, Mme Neila Gongi, PDG du MFCPole Monastir-ElFejja, a souligné l’importance des partenariats publics-privés qui se font actuellement à travers la promotion du textile technique, le renforcement de l’intégration des différentes activités notamment celles liées aux zones de finissage. L’objectif consiste à l’aménagement des espaces pour qu’ils soient conformes aux standards internationaux, attirer des nouveaux investisseurs, héberger les porteurs des projets et animer les réseaux de partenaires à travers le développement des clusters.
Actuellement, 22 entreprises sont installées sur le pôle (Monastir) et 84 autres entreprises sont en cours d’installation. Notons que quatre laboratoires de recherche, 1660 emplois et 10 porteurs de projets innovants ont été créés au niveau de ce même pôle.
Sur un autre plan, un accord a été signé avec quatre villes européennes pour la construction d’un nouveau bâtiment (pépinière), et ce, pour booster les partenariats avec les porteurs de projets innovants.
Le PDG du MFCPole Monastir-ElFejja a aussi annoncé qu’un nouveau showroom, dédié au sourcing pour passer de la sous-traitance à la co-traitance et permettre aux professionnels de la confection de présenter leurs produits et services, sera lancé au mois de janvier prochain.
Notons que les conclusions et recommandations issues des travaux de cette rencontre seront présentées aux autorités compétentes et feront l’objet d’un suivi régulier pour leur prise en considération dans le cadre de la stratégie de repositionnement du secteur textile.