A fin novembre 2017, les indicateurs clés du secteur des phosphates et dérivés s’acheminent vers une augmentation en rapport avec l’amélioration de la situation générale dans la région du bassin minier.
Les quantités de phosphate produites reprennent progressivement leur cadence, à raison de 4,1 millions de tonnes jusqu’à fin novembre 2017, loin des 5,9 millions initialement programmés pour cette période. Par contre, la production d’acide phosphorique total P2O5 dans les usines du Groupe Chimique Tunisien (GCT) a subi une régression d’environ 12% par rapport à la même période de 2016, en enregistrant un niveau de production de 695 mille tonnes.
Diminution du CA
Certes, l’apport de l’extraction et la transformation du phosphate est indéniable dans l’économie tunisienne. Ce secteur a apporté, du 1er janvier au 30 novembre 2017, plus de 580 millions de dollars (M$) au Trésor public (chiffre d’affaires global provisoire) enregistrant ainsi une diminution de 10% par rapport à la même période en 2016 et une baisse de 56% par rapport à la même période de 2010.
Hausse de la production mensuelle du phosphate
Les quantités produites reprennent progressivement leur cadence, notamment dans la zone de Metlaoui et Kef Eddour (62% de la production nationale à fin novembre 2017 a été réalisée dans cette zone). La production du phosphate du mois de novembre 2017 était de l’ordre de 304 mille tonnes, enregistrant ainsi une augmentation de 17%, en comparaison du mois précédent, ainsi qu’une diminution de 23% par rapport au mois de novembre 2016 et une chute de 44% par rapport aux prévisions programmées (541 mille tonnes par mois).
Les raisons de cette baisse sont principalement dues :
- Arrêt total de la laverie d’Om Laârayes pendant ce mois, en raison des protestations des citoyens ;
- Perturbation de la production due aux protestations des citoyens sur les résultats du concours;
- Perturbation partielle de la production dans les laveries 1 et 2 de Mdhilla à cause des résultats du concours;
- Perturbation partiellement de la production de la laverie de Mdhilla 3 pour les raisons suivantes: – la production a été interrompue au niveau de la laverie n°3 de Mdhilla à cause de la protestation des habitants d’Al-Akarma au niveau de la tour Al-Akarma; – de mauvaises conditions météorologiques; – de nombreuses pannes techniques ; – de mouvements sociaux dus aux revendications de développement et d’emplois dans les zones minières.
Malgré la reprise de la production de phosphates au cours du premier semestre 2017, avec une moyenne de production de plus de 400 mille tonnes par mois, cette reprise n’a pas duré longtemps et une chute de production a été constatée pour atteindre 307 mille tonnes de phosphate au cours des trois derniers mois.
Toujours en deçà des prévisions
A fin novembre 2017, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) n’a produit que 4,1 millions tonnes de phosphate, soit une augmentation de 28% par rapport à la même période de 2016, une baisse de 44 % par rapport à la même période en 2010 et une baisse de 30% par rapport aux prévisions programmées (5,9 millions tonnes). Cette augmentation est due à la reprise de l’activité dans les sites de production après un blocage suite à des mouvements de protestation surtout dans les sites de Moularès et Redeyef.
Les raisons de ce retard par rapport aux prévisions sont principalement dues à des mouvements sociaux tels que la demande de développement et d’emploi.
Malgré ces résultats positifs enregistrés, la moyenne de la production mensuelle n’a pas pu dépasser 377 mille tonnes en raison des protestations orchestrées par les sans-emploi sur les lieux de production du phosphate, notamment à Moularès et Redeye. En effet, ces dernières unités sont presque bloquées et n’ont produit que 694 mille tonnes de phosphate, ce qui équivaut seulement à 35% de la capacité de production des deux laveries et environ 17% de la production nationale durant les onze premiers mois de l’année 2017.
Vers une hausse de la production du phosphate et des engrais
Malgré ces perturbations, la CPG œuvre actuellement sur plusieurs projets ayant pour objectif d’accroître la production du phosphate pour les années à venir comme le projet Tozeur-Nefta et le projet de Meknessa. La CPG projette de produire 6,5 millions de tonnes de phosphate en 2018, dont plus de cinq millions de tonnes seront orientés vers la transformation dans les usines du GCT et 1,5 million de tonnes pour satisfaire les besoins de la société TIFERT. La hausse des ventes de produits à valeur ajoutée tels que les engrais pourrait permettre, dans un avenir proche, de compenser la baisse des prix des matières premières.
Une chute au niveau des engrais dérivés du phosphate
La production nationale d’acide phosphorique P2O5 total (AP total) a atteint 695 mille tonnes à fin novembre 2017, accusant ainsi une diminution de 12% par rapport à la même période de 2016, soit une perte de 98 mille tonnes et cette quantité reste loin des 1,086 million de tonnes d’acide initialement programmés pour cette période.
La diminution des quantités de production équivalentes à 98 mille tonnes P2O5 par rapport à l’année précédente et de 391 mille tonnes P2O5 par rapport aux prévisions en raison du manque de stock de phosphates dans les usines du GCT et la baisse des prix de l’acide phosphorique et des fertilisants due à l’abondance des phosphates sur les marchés mondiaux.
Régression du stock des phosphates dans les usines du GCT
Le stock des phosphates dans les usines du GCT est estimé, actuellement, à 92 mille tonnes contre 134 mille tonnes, à fin novembre 2016, enregistrant ainsi une diminution de 31% en comparaison de la même période de 2016. Ce stock permettra d’assurer le fonctionnement des unités du GCT pendant seulement sept jours.
Une baisse importante des exportations des dérivés du phosphate
A fin novembre 2017, la valeur des exportations des dérivés du phosphate a atteint 452 millions dollars, ce qui équivaut à 62% des prévisions programmées (725 millions de dollars) enregistrant une baisse de 17% par rapport à la même période de 2016 et une chute de 62% par rapport à 2010.
Évolution des prix des dérivés du phosphate et des matières premières
A fin novembre 2017, le secteur des phosphates et dérivés a subi une forte détérioration des prix des produits finis et des matières premières. En effet, le prix de l’acide phosphorique a subi une baisse d’environ 14% (environ 90 $ USA) et le prix de DAP une régression de 17% (environ 49 $ US) par rapport à la même période de l’année 2016.
Une augmentation des prix des matières premières
Les prix de l’ammoniac et du soufre continuent d’augmenter depuis janvier 2015 accusant respectivement des augmentations de +105 et +102 dollars par tonne, soit une régression de +64% et +124%, respectivement, par rapport à la même période de 2016.
Malgré la baisse des prix des produits dérivés du phosphate et l’augmentation des prix des matières premières, ce qui a engendré une récession importante sur les marchés mondiaux, le GCT a pu renforcer la concurrence et la prise de certains contrats.