Alors que certains Émirs émiratis s’acharnent contre la femme tunisienne, des élites en Tunisie se taisent pour protéger leurs « rentes » octroyées par ces Émirs nantis et prêchant une misogynie sans frontières! Des Émirs qui pensent pouvoir tout acheter avec leurs pétrodollars.
Heureusement, la société civile de la Tunisie post-2011 ne s’est pas laissée faire et a dit tout haut que le respect de la femme tunisienne fait partie intégrante des valeurs de la Tunisie démocratique. Des valeurs qui ne sont pas à vendre; et que l’argent émirati ne saurait acheter, quoi qu’il fasse!
Ce que l’argent ne saurait acheter!
À l’aune des quanta en dollars et autres actifs financiers en Bourse, les Émirs des EAU sont incommensurablement plus fortunés et plus «friqués» que la Tunisie. Comparé au Tunisien moyen, l’Émirati moyen dispose d’un revenu annuel presque 11 fois plus élevé (PIB/habitant). Mais, est-ce suffisant pour oser offenser, humilier et déshonorer la femme tunisienne? Et est-ce que l’argent émirati peut tout s’offrir?
En empêchant les femmes tunisiennes (et pas les autres femmes) d’embarquer à bord de leurs avions commerciaux, en les harcelant de façon discriminatoire dans les aéroports internationaux et en les qualifiant de tous les qualificatifs: «dévergondées», «terroristes», «débauchées»… les responsables émiratis n’en sortent pas grandis, et ce, malgré leurs gratte-ciel et leurs richesses ostentatoires! Les Émiratis à l’origine de ces agissements anti-femmes et anti-Tunisie post-2011 se trompent de cible, de «victimes» et d’époque. Et cela fait tomber bien des masques, pouvant décridibiliser inexorablement le «branding» des Émiratis au sein de l’opinion publique tunisienne et internationale.
Et comme on dit «l’habit ne fait pas le moine»! Tout l’argent du monde ne peut procurer un prestige et une moralité, quand le socle des valeurs est défaillant et quand les fondements moraux sont branlants et contaminés. À bien regarder, les richesses qui ont fait que cet Émirat est là où il est aujourd’hui ne sont pas toujours le fruit d’efforts productifs et le résultat de processus de labeur et d’ingéniosité créatrice. Ce n’est un secret pour personne, la richesse des Émirats d’aujourd’hui doit son origine économico-financière aux rentes procurées par leur sous-sol (gaz, pétrole…). Exportant du gaz et du pétrole, sans transformation et sans innovation méritante, la prospérité arrogante de cette économie n’est pas l’aboutissement d’une histoire basée sur le sens du respect du capital humain et des fondamentaux de la productivité et de l’abnégation créatrice.
L’histoire humaine nous apprend que l’argent facile et la richesse créée par les rentes naturelles peuvent créer un prestige mal intégré et souvent éphémère! Un «prestige en toc», peu compatible avec les valeurs de la modestie, de l’intégrité, de la probité et de l’égalité. De telles richesses mal «assumées» ne sont pas nécessairement corrélées avec le développement de nouvelles générations capables de se respecter, de respecter autrui et de se faire respecter.
Comme le suggère Ibn Khaldoun, père de la Sociologie moderne (né à Tunis au début du 14e siècle), la richesse matérielle, mal acquise et peu assumée moralement, est vouée à la disparition générant dans son sillage la déchéance voire la «délinquance» des nations et sociétés. Ibn Khaldoun nous apprend aussi que la grandeur et la prospérité des Nations ne peuvent se faire au détriment des valeurs humanistes, des principes moraux et du respect des droits de la personne.
Les acquis de la femme tunisienne dérangent les « Émirs »
Cibler aussi directement et humilier aussi honteusement les femmes de Tunisie ne peut passer inaperçu. Et cela en dit long sur la décadence des valeurs morales qui en sont à l’origine. Ne pas croire à l’égalité des genres, ne peut être toléré au 21e siècle! De toute évidence, les Émirs à l’origine de ces décisions peinent à comprendre les valeurs fondatrices de la liberté des individus et l’égalité des peuples. Les économies modernes se nourrissent de ces valeurs et s’appuient sur l’humanisme respectueux de la morale et de l’éthique.
Contrairement à la femme émiratie, la femme tunisienne dispose de plusieurs longueurs d’avance. La Tunisienne est formée dans une école mixte, bercée par le sens du travail, cultivant les valeurs de la liberté et brisant le statut d’infériorité dans lequel baignent les modèles éducatifs des Émirats.
En s’en prenant aux femmes (plutôt qu’aux hommes) et en refusant aussi drastiquement l’accès des femmes aux vols aériens vers les Émirats, les Émirs dévoilent leur «misogynie» et signifient leur attachement à un mode de vie basé sur la discrimination et l’avilissement des femmes. Et cela se constate au grand jour, quand on observe la vie quotidienne aux Émirats. Un quotidien et une réalité qui obligent la femme à rester cloîtrée à la maison, à ne pas voyager sans être accompagnée par un «homme», à se voiler… ne transigeant et ne communiquant pas qu’avec les femmes.
Pour avoir été aux Émirats, j’ai observé personnellement que la femme émiratie doit prendre un «taxi rose», conduit et réservé aux femmes; pour travailler la femme émiratie ne doit pas décider ou gérer des hommes… ou opérer dans un grand nombre de métiers et de secteurs économiques. Les Émirs des Émirats du 21e siècle ont interdit à la femme d’être libre, d’être égale aux hommes; ils ont décidé de la marier contre son gré, souvent à des polygames.
Le tout dans le cadre de transactions mercantiles et vénales. Aux Émirats, la femme peut être répudiée à gré; introduite et exclue des harems, en tant que simple «objet de reproduction» et «accessoire de plaisir». Encore aujourd’hui, la législation émiratie autorise les maris à battre leurs épouses, avec la seule condition de «le faire pour les éduquer et sans laisser des séquelles».
En ciblant les femmes de la Tunisie du Printemps arabe, les Émirats déversent une haine féodale contre les acquis de la femme tunisienne et contre les transitions démocratiques en cours, en ce pays ayant plus de 3000 ans d’histoire et de civilisations reconnues de par le monde. Un pays, où les femmes ont été de tous les combats et de toutes les réalisations depuis des temps immémoriaux.
Les Émiratis commettent un crime contre l’humanité; un crime ignoble contre le droit de la personne et l’impératif du respect humain indépendamment de son genre, ses origines et ses attributs physiologiques.
En s’attaquant à la femme tunisienne, les Émiratis s’attaquent au capital humain dans son acception universelle. Ce faisant, les Émiratis pensent que leur «capital financier» peut à volonté malmener le «capital humain» et les valeurs morales y afférentes.
La femme, tout comme l’homme, constitue un précieux capital humain méritant un respect total et indivisible, pour ses capacités de création de richesses et de progrès civilisationnels dans toutes les sociétés qui se respectent et qui aspirent au progrès.
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