Et les perspectives pourraient ne pas être meilleures en 2018 avec des Municipales qui pourraient placer l’économique au second rang. Analyse.
Que doit-on et que peut-on retenir de l’année 2017 en Tunisie? Côté chiffres, rien de bien particulier. Pas d’amélioration en vue concernant le déficit de la balance courante (5,1% du PIB au cours des cinq premiers mois) et de l’inflation (6,3% au cours de novembre). D’autant plus que des spécialistes prédisent des lendemains encore plus difficiles. Ainsi, l’inflation pourrait grimper, toujours selon des prévisions, pour atteindre jusqu’à… 9%.
Le Tunisien lambda ne voit, ici et là, donc pas de signes encourageants. Sinon des déclarations qui estiment que le pays reprendra quelques forces en 2020. Pour l’heure, le moral n’est pas, comme on dit, au beau fixe.
Des sondages nous disent du reste qu’une majorité de Tunisiens (80% selon le cabinet Sigma Conseil) sont pessimistes en estimant que leur vécu quotidien n’est pas meilleur – c’est bien le contraire dont il s’agit- que celui qu’ils vivaient un certain 14 janvier 2011.
La loi de finances 2018 qui a bien travaillé les esprits
Les médias sont-ils responsables d’un certain désespoir qui habite bien des Tunisiens? Certains en ont parlé. Certes, mais les faits sont encore là têtus. Et s’il est vrai que la presse ne renvoie pas par essence que des signes positifs, elle ne fait souvent que rapporter les faits.
Cela dit, côté signes négatifs, le citoyen a de plus en plus le sentiment d’une certaine défaillance économique. A commencer par cette loi de finances 2018 qui a bien travaillé les esprits. Avec cette «avidité financière» exprimée par un gouvernement qui n’a d’ailleurs que des dossiers difficiles: déficit des caisses sociales, sur-effectif de l’administration, faible rendement des fonctionnaires, recapitalisation des banques publiques et l’endettement public qui a atteint des proportions on ne peut plus inimaginables (66,9% en juin 2017 contre 41% en 2010).
Et dans ce contexte, une partie des Tunisiens ne ressent peut-être pas assez les enjeux. L’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a désavoué, en décembre 2017, le syndicat des recettes des finances qui est allé sans doute loin dans ses actions de grève.
Une inscription qui complique la situation
Tout cela sous les yeux d’un Fonds Monétaire International (FMI), émanation de l’idéologie libérale des accords de Bretton Woods, qui incarne l’orthodoxie financière anglo-saxonne. Et dont la dernière visite en Tunisie n’est intervenue, pas plus tard qu’en décembre 2017, qu’en vue du déblocage d’une nouvelle tranche de crédit.
Nouvelle pilule difficile à avaler, celle aussi arrivée toujours en décembre 2017, avec l’inscription de la Tunisie sur la liste des paradis fiscaux et par cette Union européenne qui est le principal partenaire de notre pays.
Une inscription qui ne pourrait que compliquer davantage la situation financière de la Tunisie qui a évidemment besoin de capitaux pour sortir de ses difficultés.
Côté aussi signes plus ou moins négatifs, le cabinet Fitch Ratings qui a confirmé, en novembre 2017, la note de la Tunisie à B+ avec perspectives stables, estimant cependant que «la dette publique demeure un des principaux handicaps économiques du pays».
Ce dernier, par ailleurs, après avoir prévu en mai dernier un taux de croissance de 2,3% pour l’année 2017, l’agence de notation l’ajuste finalement à 2,2% .
Rien de très réjouissant dans tout cela. De quoi se demander si la Tunisie pourrait bien s’en sortir en 2018. Car, les Municipales pointent à l’horizon et il est à craindre que la Tunisie, qui n’a sans doute que trop accordé d’importance à la politique, ne «néglige» l’économique au cours du mois de la première partie de l’année 2018?
Les pugilats des élections de 2011 et de 2014
Il faut reconnaître que la Tunisie a perdu trop d’années dans les pugilats qu’ont constitué les élections de 2011 et de 2014 qui ont de l’avis de tous mis l’économique au second rang.
La Tunisie est-elle du reste malade de ses élites politiques? On pourrait le penser. Les récents résultats de l’élection partielle en Allemagne pour l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), en décembre 2017, avec le vote de 5% de l’électorat pourraient en dire long sur le désaveu de la classe politique qui ne s’est que trop préoccupée de la politique. Au détriment des dossiers économiques toujours en suspens.