«Nous avons besoin, en 2018, d’une action vigoureuse et déterminée sur le plan économique, et ce, afin de sortir de l’attentisme qui a marqué les dernières années, relancer la transition économique et redonner espoir dans l’avenir de notre démocratie naissante», a annoncé, ce matin, Hakim Ben Hammouda, économiste et ancien ministre des finances, sur les ondes radiophoniques.
Revenant sur le dialogue économique et social, M. Ben Hammouda a affirmé que depuis le mois de mai 2017, Nidaa Tounes a appelé à mener ce dialogue. Ceci ne date pas d’aujourd’hui, parce que ce dialogue économique a été lancé au mois d’avril 2014, à l’ère du gouvernement Jomaa, auquel environ 300 représentants de partis politiques et d’organisations sociales ont pris part.
«C’était le premier dialogue économique ayant pour objectif de mettre en œuvre les grandes lignes d’une politique économique claire», précise-t-il.
Aujourd’hui, le gouvernement d’union nationale est appelé, selon ses propos, à dresser une vision économique claire et à tracer une feuille de route à même de concrétiser cet objectif et les réformes économiques. Ceci exige plus de courage et d’audace pour mettre fin aux solutions classiques adoptées depuis la révolution et qui ont montré leur limite et opter, en fait, pour de nouveaux modèles de politique économique.
Défis majeurs de 2018
Parmi les défis majeurs de l’année 2018, Hakim Ben Hammouda a mis l’accent sur les grands équilibres macroéconomiques. Il s’agit en premier lieu des finances publiques qui ont connu une grande dérive ces dernières années et dont la descente aux enfers s’est poursuivie, et ce, en dépit des promesses et des engagements pris.
D’ailleurs, le budget de l’Etat 2017 s’est fixé pour objectif de mettre fin à cette dérive et de revenir rapidement à un déficit soutenable des finances publiques. Néanmoins, le gouvernement a déposé une loi de finances complémentaire avec une dérive de près de deux milliards de dinars et un déficit budgétaire qui s’est situé autour de 6,1% du PIB, contre une promesse de le maintenir en dessous de 5%.
En deuxième lieu, l’économiste a indiqué que le déficit de la balance courante a atteint des records historiques, malgré les mesures prises pour le réduire.
En troisième lieu, il a évoqué les réformes économiques prévues depuis 2013, à savoir la réforme du secteur bancaire et financier, la réforme fiscale, des caisses sociales, la restructuration des entreprises publiques et la réforme du système de compensation… A ce titre, «les différents gouvernements, qui se sont succédé, ont enregistré d’importants progrès dans la définition et la conception de ces grandes réformes. Mais, elles ont souffert d’un déficit d’exécution et de réalisation et la difficulté de parvenir à un consensus sur ces différents chantiers a été à l’origine du retard dans leur mise en œuvre».
Face à cette situation, «le courage et l’audace dans l’exécution des réformes et l’élaboration d’une vision claire d’une nouvelle politique volontariste de relance économique s’impose, afin de remonter la pente et de sortir du tunnel», a souligné M. Ben Hammouda.
Et de conclure: «Les solutions existent. Il faut que l’action publique évite l’adoption des solutions classiques et ait l’audace d’opter pour de nouveaux modèles de politique économique.»