Que faut-il pour atténuer les tensions qui existent dans plusieurs régions, notamment Kasserine, Thala, Gafsa, Tebourba, et bien d’autres villes, où les manifestations semblent prendre une tournure inquiétante. Combler le déficit budgétaire de la balance commerciale, en retirant la loi de finances 2018, c’est ce que préconise Hamma Hammami, le porte-parole du front populaire. A quelques jours du 14 janvier, l’hiver sera-t-il chaud? Qui sait?
Lors d’une conférence de presse, il a indiqué que la situation sociale, économique et politique du pays, est chaotique. Il a déclaré: « Les événements d’hier sont légitimes. Si les gens sont descendus dans les rues, c’est parce qu’ils ne peuvent plus supporter une situation de plus en plus fragile, où les citoyens n’arrivent plus à joindre les deux bouts. En somme, la cherté de la vie, la hausse des prix, la détérioration des services publics notamment des hôpitaux, et bien d’autres, ne font que rappeler qu’il y a urgence d’agir. »
Hamma Hammami ajoute: « Les premiers responsables sont la coalition gouvernementale. La première cause de cette situation est la loi de finances. D’ailleurs, je les appelle à retirer la loi de finances 2018, qui est une loi destructrice. »
Et de poursuivre: « J’appelle les forces politiques qui portent la même idéologie que nous, à s’unir et à créer un front uni et à organiser une manifestation pacifique, pour montrer au gouvernement que nous sommes capables de trouver des solutions, contrairement à eux. »
Evoquant les propos du chef du mouvement Ennahdha le concernant- Rached Ghannouchi aurait déclaré « qu’il s’agit d’une personne qui fuit ses responsabilités et n’a aucune connaissance de la réalité »-M. Hammami a répondu: « Ennhdha n’a pas tenu compte de l’intérêt du peuple tunisien lors de l’adoption de la loi de finances de 2018, mais de son propre intérêt. »
Le député Abdelmoumen Ben Anes, du Front populaire, n’a pas exclu la possibilité d’une suspension de la LF 2018, dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com.
D’après les estimations du député, vu la situation actuelle, le gouvernement se trouverait dans l’incapacité d’appliquer les mesures douloureuses de la loi de finances 2018, notamment en ce qui concerne la hausse des prix. «Le gouvernement pourrait suspendre un certain nombre d’articles de la dite loi», considère-t-il. Pour le député de gauche, tenir à appliquer les mesures de la loi de finances 2018 inciterait les citoyens à manifester encore et encore.
Choix impopulaires véhiculés par la loi de finances 2018
Le député a déclaré que le peuple tunisien souffre, sept ans après la révolution du 17 décembre 2010/14 janvier 2011. «Cependant ceux qui tiennent les rennes du pouvoir optent pour des choix économiques impopulaires», avance-t-il. «Si les citoyens sont descendus dans la rue pour manifester, c’est parce qu’ils ont compris que leurs intérêts vont être lésés», fait-il remarquer. Revenant sur la prise de position du Front populaire, Abdelmoumen Ben Anes a fait savoir que le Front populaire ne pourra être qu’avec le peuple tunisien.
Interpellé sur les mouvements sociaux, notre interlocuteur a indiqué que les manifestations pacifiques sont infiltrées par des casseurs payés, par des personnes malintentionnées, pour pousser à la confrontation avec les forces de l’ordre. D’après lui, ce n’est pas la première fois que des inconnus infiltrent les manifestations pour piller et commettre plusieurs actions répréhensibles qui n’ont rien à voir avec l’esprit de la manifestation pacifique.
Concernant la hausse des prix, Abdelmoumen Ben Anes a rappelé que les Tunisiens ont eu recours en premier lieu au boycott, «mais le gouvernement n’a pas compris le message » dit-il. Puis avec les augmentations prévues dans le cadre de la loi de finances 2018, les Tunisiens n’en peuvent plus.
De son côté, le parti Beni Watani a souligné la nécessité de protéger les citoyens tunisiens, de protéger leur droit à une manifestation pacifique, pour ouvrir la voie au dialogue et au respect de la loi.
Et de conclure: « Nous suivons avec beaucoup d’inquiétude les manifestations dans tout le territoire de la République. Tout comme nous appelons toutes les parties à la patience, à la raison et à la préservation de l’intérêt national. »