Cela fait deux jours que les mouvements de protestation nocturnes se sont accentués. En cause, la cherté de la vie et le rejet total de la loi de finances qui fera de l’année 2018, une année où tous les prix vont augmenter. Les turbulences sociales et les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se poursuivent depuis deux jours.
« L’inconstance politique est la première cause des événements récents, en particulier depuis la fausse coalition entre Nidaa Tounes et Ennahdha« , affirme Ghazi Chaouachi, député du Courant démocrate, lors d’une conférence de presse tenue au siège du parti.
Et de poursuivre: « Aujourd’hui, le gouvernement a démontré son incapacité à trouver des solutions. La première responsabilité est celle du gouvernement qui déclare plus qu’il n’agit. Autrement dit, le gouvernement Chahed n’a aucune vision ni de solution pour une sortie de crise. D’ailleurs, le pays est sur le point de faire faillite et personne n’a le courage de le dire.«
Même constat pour Hichem Ajbouni, membre du bureau politique du Courant démocrate qui, affirme: « Le gouvernement a échoué sur les choses majeures. A titre d’exemple, il s’est servi d’une loi de finances comme d’un exercice comptable, alors qu’il a omis la mise en place de réformes, » s’insurge-t-il.
Et de continuer: « Une classe moyenne qui s’appauvrit de plus en plus, les pauvres qui deviennent de plus en plus pauvres… A mon avis, le modus operandi de la gouvernance doit changer, en luttant d’une façon sérieuse contre la corruption, en désignant les personnes compétentes et intègres à la tête des institutions et non par esprit partisan. »
Par ailleurs, ce que préconise le Courant démocrate pour atténuer les tensions sociales est la mise en place d’une loi de finances complémentaire au lieu de suspendre la LF 2018, qui est une proposition du Front populaire. M. Ajbouni ajoute: « La consommation du Tunisien a changé. Les produits de base des années 60-70 ne le sont plus aujourd’hui. Alors soyons à l’écoute des citoyens. Nous soutenons tous les mouvements de protestation pacifiques, mais nous sommes contre toutes les opérations de pillages, tous les actes de vandalisme. »
Même avis de Khalil Zaouia, président du parti Ettakatol, qui lui aussi soutient les mouvements de protestation sociale, qui sont légitimes, contre la cherté de la vie. » Le mécontentement manifesté n’est que le résultat de la paralysie de l’action gouvernementale et des partis de la coalition. Ce qui a retardé la mise en place des réformes structurelles nécessaires, provoquant la détérioration du rythme de développement dans les régions et par ricochet la dépréciation du dinar« , déclare-t-il.
Selon lui, pour diminuer les spéculations, « nous lançons un appel au chef du gouvernement pour révéler les responsables qui cherchent à fausser la protestation sociale, en recourant aux actes de vandalisme et de pillages« .
Et de conclure: « Il faut créer un équilibre dans l’arène politique, mais surtout imposer une autre politique sur le plan économique et social.«
A quelques jours de la célébration de l’anniversaire du soulèvement de décembre 2010 – janvier 2011, l’heure n’est pas aux festivités, mais plutôt aux solutions à même d’éviter le pire.