Rien n’y fait. On a beau dire que les augmentations décidées pour certains produits et services ont été circonscrites à ces derniers et que partout ailleurs les choses resteront au stade où elles sont, la réalité est différente. Il est à parier que très vite les prix ne tarderont pas à s’aligner pour aller crescendo et mettre à rude épreuve la bourse du consommateur.
Par un effet d’entrainement et somme toute logique, les baromètres seront à la hausse et tout se pliera sous le poids de cette vague déferlante des prix. Le phénomène est connu. Il suffit que l’on touche à un produit fort prisé sur le marché pour que tous les autres suivent.
Les précautions et les mesures prises par les autorités compétentes ne résisteront pas à cette logique à sens unique et la réalité finira par être le retour d’écho de cette avancée, presque inéluctable, des prix.
La bourse du consommateur s’en trouvera par voie de conséquence bien éprouvée, pour ne pas dire étouffée et bien malmenée. La classe moyenne poussée, jusque-là, dans ses derniers retranchements, se verra, encore une fois et de rude manière mise à une bien pénible épreuve.
L’espace, déjà réduit, dans lequel elle évolue sera encore plus grignoté et il est à parier que même cette nouvelle situation n’est que provisoire. La cavale des prix, des produits ou des services, ratissera large et continuera sa course.
Selon une approche segmentaire et limitée, il peut sembler certes que les augmentations ne concernent que certains secteurs. Mais leurre que tout cela, car il faut regarder le phénomène dans son ensemble. Ici, une augmentation des prix, là une avancée de la redevance fiscale, un plus de la TVA. Le résultat est ce que l’on peut imaginer. Ce n’est pas succomber à une vague d’alarmisme que d’arriver à un constat négatif. Des jours à sombre horizon guettent le pouvoir d’achat. La classe moyenne est confrontée à de bien dures alternatives. Que dire des classes démunies!
La rançon de la liberté apprivoisée
Antonio Tajani, le président du Parlement européen, lors de son passage en Tunisie il y a de cela quelques mois, a insisté sur le fait que la démocratie dans notre pays est chose concrète, estimant à ce propos que cela mérite soutien et encouragement. Témoignage fort qui confirme l’idée que ce qui a été inauguré en janvier 2014 s’incruste bien dans notre quotidien et ce malgré tous les aléas que l’on connait et les multiples obstacles rencontrés depuis.
Ce témoignage semble clamer une vérité que l’œuvre amorcée ce jour-là a su slalomer parmi le quotidien pour s’affirmer chaque fois un peu plus. N’en déplaise aux sceptiques, les choses se confirment.
Et pour preuve. Le dernier rapport 2017 de l’ONG américaine Freedom House sur l’état de la démocratie dans le monde a fait état que la Tunisie occupe une place privilégiée dans le classement des pays de la région Mena (Moyen Orient et Afrique du nord) .
Il y a bien évidemment des foyers de déception, mais c’est à la limite de «bonne guerre» puisqu’ils sont inhérents à la particularité des réalisations. C’est en quelque sorte la conséquence directe de cet état de fait. Certains l’ont dit, et à bon escient, qu’il s’agit là d’une forme de rançon de la liberté apprivoisée et de la nouvelle tendance conquise.
Il importe donc de préserver cette démarche et, surtout, de la faire fructifier. Avec ce janvier qui s’annonce sur fond de pesanteur économique et politique, il est impératif de relever le défi du quotidien et c’est la raison pour laquelle les solutions ne se bousculent pas au portillon de nos décideurs, d’où cette dure hésitation.