Sept ans après le 14 janvier, la Tunisie est partagée entre espoir et illusion perdues. La hausse des prix depuis l’adoption de la loi de finances 2018 (le 9 décembre 2017) a mis le feu aux poudres et a provoqué aussi de grandes manifestations sociales, de jour comme de nuit.
En cette journée et par un dimanche ensoleillé, des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes, sont descendus à l’avenue Habib Bourguiba, mais cette année leur revendication est de suspendre la loi de finances. Aujourd’hui, les Tunisiens aspirent à un profond changement : un coût de la vie moins cher. Même si le contexte économique est d’autant plus difficile, une grande partie des Tunisiens restent confiants que demain sera meilleur. Un espoir auquel s’accroche Sonia, rencontrée à l’avenue Habib Bourguiba, venue de Nabeul.
Elle nous confie: « Sept ans, dans un processus de transition démocratique n’est rien, contrairement à d’autres révolutions. Or ce que nous avons accompli à ce jour, nous devons en être fiers, à savoir la liberté de pouvoir s’exprimer, l’adoption d’une nouvelle Constitution. Vous savez, les autres nous envient. »
Et de poursuivre: « Il est vrai que les choses sont loin d’être faciles, mais il faut résister et ne pas baisser les bras. Tout comme, je demeure convaincue que nous sortirons indemnes. Le meilleur reste à venir, soyons optimistes. La Tunisie a su compter sur ses femmes et ses hommes. »
L’espoir n’est pas partagé par une grande partie des manifestants présents. Samir B., retraité, exprime en revanche un mal-être. Il déclare: « Les partis politiques sont en train de diviser les Tunisiens, au lieu de les unir. C’est ce qui me chagrine le plus. Je pense que la diabolisation du pouvoir a pris le dessus. A mon avis, ce qui nous manque aujourd’hui c’est la présence d’un leader qui aurait les grands atouts de regrouper les Tunisiens vers un projet unique. »
Et de continuer: « Cela dit, je suis content que le seul rescapé de la révolution ait la liberté d’expression acquise. »
Par ailleurs, Makrem J. a mis l’accent sur le volet économique. Il souligne: « Ce qui nous manque aujourd’hui ce sont les encouragements aux investisseurs tunisiens et l’instauration d’une culture du travail. »
Dans le même contexte, le secrétaire général de l’UGTT Nourredine Taboubi a fait savoir que « nous devons continuer les négociations bilatérales et tripartites dans le cadre du pacte social à propos des grandes réformes et soutenir les efforts dans la lutte contre la corruption. »
Par ailleurs, l’un des acteurs politiques présents, Saïd Aïdi, président du parti Beni Watani, a souligné la nécessité de maintenir l’espoir pour la jeunesse, même si le contexte reste difficile. Il ajoute: « Quand on voit l’esprit de la loi de finances et les mesures annoncées hier, ce sont des mesures populistes et elles auront un impact négatif sur l’emploi et sur l’investissement. »
« D’ailleurs que sont-elles devenues les promesses de la Conférence 20-20? », s’est-il interrogé; la réponse est rien.
Il conclut: « Ce gouvernement n’a fait qu’amplifier la crise morale et de confiance, le gouvernement est totalement déconnecté du peuple. »