A l’échelle internationale, l’année 2017 a été une année décisive pour les crypto-monnaies avec 1 335 monnaies numériques différentes au total, pour une capitalisation boursière de 572 milliards de dollars.
Le cours de la monnaie virtuelle la plus connue, Bitcoin, a affiché une envolée spectaculaire de 1.000 dollars début janvier à plus de 18.000 dollars en décembre 2017, contre d’autres crypto-monnaies qui sont passées plus inaperçues, à savoir la Ripple qui a gagné plus de 36 000% depuis janvier 2017. Sachant qu’en 2016, il existait 644 crypto-monnaies différentes pour une valeur totale de 16,1 milliards de dollars.
Avec l’augmentation du cours des crypto-monnaies, le nombre de personnes qui utilisent les devises numériques a fortement grimpé.
Au niveau de l’Afrique du Nord, jusqu’à la fin de 2017, le Maroc a interdit formellement les crypto-monnaies, notamment la Bitcoin, le 20 novembre 2017. Notons que les transactions en monnaie virtuelle au Maroc avoisineraient les 200.000 dollars. Pour l’Algérie, l’interdiction serait motivée par des raisons sécuritaires. Notons qu’aucune statistique sur les échanges globaux n’est publiée en Algérie.
Tunisie: dans l’attente que la BCT statue clairement sur l’adoption du Bitcoin
Quant à la Tunisie, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a commencé à mener une réflexion. Il n’est pas exclu qu’elle aboutisse à la mise ne place d’une nouvelle réglementation.
Dans ce sens, Chedly Ayari, gouverneur de la BCT, a précisé, à mi-novembre 2017, et ce, lors de la troisième édition du Forum de l’Entrepreneuriat sur le thème «Crypto-économie: opportunités d’entrepreneuriat pour start-ups et entreprises», que la Blockchain est la première révolution technologique post internet qui a été probablement handicapée par son utilisation monétaire sauvage, vu que la première application est la création d’une monnaie digitale (Bitcoin). Il s’agit, également, d’une technologie destructive, ses coordonnés sont tout à fait différentes de toutes celles qui l’ont précédée.
Vu son importance, la BCT a lancé un programme de réformes sur le paiement baptisé le «de-cashing», et cinq comités travaillent autour de ce programme. Pour ce faire, la BCT a créé, selon le gouverneur, un comité de réflexion sur les nouvelles technologies de destruction sur la place de Blockchain pour l’avoir dans le système tunisien. «Il s’agit d’un saut qualitatif de la Tunisie dans une ère technologique importante», a-t-il indiqué.
A cet égard, la BCT a donné, le 14 décembre dernier, le coup d’envoi pour l’organisation de l’«Africa Blockchain Summit», qui se tiendra à Tunis en mai 2018, en collaboration avec Paris EUROPLACE.
Ce premier sommet portera sur la thématique de la technologie des registres distribués (Blockchain) et les perspectives qu’elle offre dans les domaines bancaire et financier. Il vise un dialogue et un échange d’expériences sur les avancées réalisées en matière d’applications pratiques de la nouvelle technologie Blockchain.
Dans le même ordre d’idées, Moez Chakchouk, PDG de la Poste Tunisienne, a souligné qu’aujourd’hui, «on a parcouru un chemin assez important dans ce monde mais qu’il reste beaucoup de travail à faire. Il y a pas mal d’opportunités en Tunisie et si on crée un écosystème autour des start-ups tunisiennes, on peut réussir cette transition digitale et devenir même un des leaders de la région».
Et d’ajouter qu’«au niveau de la Poste Tunisienne, on veut révolutionner notre paiement électronique, créer notre crypto-monnaie et réussir le de-cashing», soulignant que «même si on a un dinar physique protégé, on doit créer notre crypto-monnaie, aider les sociétés privées à utiliser cette monnaie parallèle qui pourrait être indexée en dinar au début et être libérée par la suite».
M. Chakchouk a fait savoir que «la crypto-monnaie sera vraiment le cheval de bataille avec lequel on pourra agir ensemble pour créer de la valeur autour de la crypto-monnaie tunisienne».