Une délégation indienne composée de 27 chefs d’entreprise est en visite en Tunisie les 16 et 17 janvier 2018. A cette occasion, un forum d’affaires Inde-Tunisie et des rencontres B2B ont été organisés, aujourd’hui, par l’Ambassade de l’Inde en Tunisie, en collaboration avec la CONECT, et ce, en présence de Tarek Chérif, président de la CONECT, Ahmed Ounaies, ancien ministre des Affaires étrangères de la Tunisie, Khalid Khan, président régional de la FIEO et chef de la délégation indienne et Prashant Pise, Ambassadeur de l’Inde en Tunisie, ainsi que des chefs d’entreprise tunisiens et leurs homologues indiens.
Dans son allocution d’ouverture, Tarek Chérif, président de la CONECT, a affirmé que pendant les dix dernières années, l’Inde a fait un saut qualitatif en termes d’investissement, en Tunisie.
Derrière cette dynamique il y a, certes, la volonté des responsables et des chefs d’entreprise des deux pays, mais il y a aussi des opportunités interférentes, des intérêts partagés et des fondamentaux communs.
M. Chérif a estimé que ces premiers résultats doivent constituer pour la Tunisie un motif de stimulation, pour faire plus et développer un partenariat stratégique adapté à nos attentes et aux nouvelles exigences de la concurrence et des marchés internationaux.
«L’Inde et la Tunisie possèdent des atouts certains et complémentaires. Nos deux pays ont surtout misé sur la valeur et la qualité des ressources humaines. En cette phase décisive d’une mutation économique que connaît la Tunisie, l’expérience de l’Inde nous intéresse au plus haut degré», a-t-il-précisé.
Et d’ajouter que l’Inde est aujourd’hui un cas de réussite remarquable. Et ceux qui ne connaissent pas cette réussite devraient prendre un peu plus de temps pour la comprendre, parce que derrière cette réussite il y a une vision et des choix qui ont été faits au niveau de ce pays qui compte plus d’un milliard d’habitants.
Il a indiqué à cet égard, que nous suivons avec admiration l’évolution économique remarquable et les nombreuses et grandes performances de l’Inde qu’elle a pu réaliser dans des domaines aussi diversifiés que l’industrie, les finances, la haute technologie et les TIC.
Ce qui intéresse en particulier la Tunisie dans cette expérience, c’est l’intérêt accordé à la recherche scientifique, le travail, la rigueur et la persévérance qui ont fait de ce pays l’une des plus grandes puissances économiques à l’échelle mondiale, l’une des plus grandes démocraties et qui fait chaque année plus de 7% de croissance économique.
Revenant sur la Tunisie, Tarek Chérif a souligné que de par sa position stratégique, sa longue et riche expérience dans l’ouverture des investissements étrangers et le partenariat, la qualité de ses compétences et ses relations privilégiées avec l’UE et les pays d’Afrique, la Tunisie peut constituer pour ses partenaires indiens une plateforme de choix pour développer un partenariat bilatéral et multilatéral entre des entreprises de nos deux pays et de pays africains et même européens, et ce, afin de mieux se positionner sur les marchés porteurs, surtout des pays d’Afrique.
D’ailleurs, la Tunisie a, selon ses dires, mis en œuvre une politique plus audacieuse qui traduit l’intérêt stratégique qu’elle accorde à ses relations de coopération et de partenariat avec les pays d’Afrique, auxquels la Tunisie propose une nouvelle forme de partenariat gagnant-gagnant dans un cadre de co-développement durable et inclusif.
De plus, la Tunisie a, aujourd’hui, des conditions avantageuses avec les marchés africains, notamment les deux grands ensembles COMESA et CEDEAO.
«Il est donc temps d’agir rapidement et de saisir ensemble les opportunités en temps opportun», conclut-il.
Le commerce bilatéral atteindrait 1 milliard de dollars dans les cinq prochaines années
Pour sa part, Ahmed Ounaies a précisé qu’aujourd’hui il faut admettre que les relations d’échanges de la Tunisie avec l’Europe notamment sont largement équilibrées, tandis qu’on atteint le déficit le plus lourd avec l’Asie (Chine, la Corée la Japon et l’Inde).
Ceci manifeste, selon ses propos, une avance considérable des économies de l’Asie par rapport au Grand Maghreb et même par rapport à la Tunisie, en dépit de sa proximité de l’Europe.
De ce fait, «si nous réussissons à combler ce déficit dans un partenariat gagnant-gagnant avec les pays asiatiques, qui émergent et qui ont l’ambition mondiale d’être représentés partout dans les marchés émergents comme la Tunisie et comme le continent africain, nous réussirons un développement non seulement équilibré avec l’Asie, mais un développement ambitieux qui se connecte avec la mondialisation elle-même».
Or, le délai de rattrapage de l’économie manifesté par les pays asiatiques, tels que l’Inde et la Chine, est, d’après notre interlocuteur, un exemple qui mérite d’être suivi par la Tunisie.
Par ailleurs, lors de la douzième session de la Commission mixte Inde-Tunisie en octobre 2017, il a été décidé que le commerce bilatéral atteindrait un milliard de dollars dans les cinq prochaines années. Les échanges économiques bilatéraux fréquents contribueront à renforcer davantage l’investissement, l’échange et le commerce entre les deux pays.
Suite à cette décision et la visite actuelle de la délégation indienne en Tunisie, «nous sommes confiants que les prochaines années, qui coïncident avec la fin de la crise économique tunisienne, nous offriront l’opportunité de nous positionner dans l’économie tunisienne qui donne des signes évidents de redressement. Nous pensons pouvoir démarrer notre économie avec des partenaires asiatiques précisément, parce qu’ils ont un grand marché, de l’expérience et une représentation mondiale. Nous sommes bien partis pour amorcer cette programmation», estime-t-il.
Vers le développement des échanges économiques et commerciaux au bénéfice mutuel des deux pays
Du côté indien, Khalid Khan a fait savoir que les relations diplomatiques tuniso-indiennes, qui datent de 60 ans, reflètent les intérêts et les principes en commun des deux pays.
Afin de consolider les relations économiques et les échanges commerciaux avec l’Afrique et particulièrement la Tunisie, des rencontres entre les deux pays ont été organisées, dont celle de juin 2016 en Tunisie et celle en octobre 2017 à New Delhi.
La Tunisie constitue, selon M. Khan, une grande opportunité d’investissement et de développement pour l’Inde. Pour cette raison, «je préside aujourd’hui une délégation composée de 27 hommes d’affaires indiens opérant dans divers secteurs : dans la sidérurgie, l’ingénierie, l’agroalimentaire, la pharmacie, le textile, l’habillement, l’électricité et l’industrie, les machines agricoles et les équipements électriques.
L’Inde est, quant à elle, une puissance économique qui a enregistré 7,8% de croissance économique en 2017. Elle représente une opportunité d’investissement, de développement technologique et de services pour la Tunisie.
Dans le même ordre d’idées, Prashant Pise, a déclaré que l’Inde veut développer les opportunités de partenariat économique avec la Tunisie.
Il a souligné que le commerce bilatéral de 370 millions de dollars ne reflète pas le véritable potentiel des liens économiques et commerciaux entre les deux pays. Avec la visite de cette mission d’affaires commerciales, on s’attend à ce que les échanges économiques et commerciaux bilatéraux se développent au bénéfice mutuel des deux pays et entre le peuple indien et le peuple tunisien.
L’Ambassadeur a rappelé que plusieurs entreprises indiennes existent en Tunisie depuis presque 10 ans, dont les entreprises Mahindra et TATA qui ont leurs usines d’assemblage à Sousse, les sociétés de lignes de transport d’électricité Jyoti Structures et KEC International, une entreprise spécialisée dans les produits cosmétiques qui a implanté un centre de production à Enfidha, une entreprise des produits agricoles et agroalimentaires, Tunisie-Inde Fertilizer (TIFERT), opérationnelle depuis 2013 est aussi une joint-venture entre l’Inde et la Tunisie, représentant une valeur de 450 millions de dollars…
Et d’ajouter que d’autres projets seront réalisés dans les années qui viennent, à savoir un centre d’entrepreneuriat destiné à la formation et l’encadrement des jeunes entrepreneurs, un projet des TIC (Nano technologie – technologie robotique et biotechnologie…), un projet d’intelligence artificielle…
Notons qu’en marge du forum d’affaires Inde-Tunisie, les entreprises indiennes représentant la Fédération des organisations indiennes d’exportation (FIEO), sommité des chambres de commerce en Inde intégrant plus de 100 000 exportateurs indiens, ont eu des rencontres B to B fructueuses avec leurs homologues tunisiens.
L’interaction avec les entreprises tunisiennes a été l’occasion de trouver de nouvelles opportunités d’affaires sur le marché tunisien, et cela a appuyé la position de la Tunisie en tant que plaque tournante pour les entreprises indiennes et qui peut constituer dans le futur une passerelle vers l’Afrique et l’Europe.