Revoir les mécanismes de subvention en Tunisie, afin qu’elle ne cible que ceux qui en ont réellement besoin, dire toute la vérité au peuple tunisien sur ce sujet et actualiser la liste des familles nécessiteuses, telles sont les solutions avancées pour résoudre le problème de la Caisse générale de compensation.
Ce sujet était au cœur d’un débat, sur le plateau de l’émission 7/24 sur Elhiwar Ettounsi, hier 16 janvier. Mondher BelHadj Ali, député indépendant à l’Assemblée des représentants du peuple, Houcine Dimassi, ancien ministre des Finances et économiste et Slaheddine Makhlouf, chercheur à l’Institut tunisien des Etudes stratégiques (ITES), ont donné leur éclairage sur le sujet. Malgré quelques différences, les trois spécialistes demeurent unanimes sur la nécessité et l’urgence de revoir d’une manière globale le régime des subventions en Tunisie.
Houcine Dimassi considère que la subvention est un sujet qui aurait dû être soulevé depuis des années pour deux raisons: en premier lieu, c’est une question qui représente un défi pour les équilibres financiers et économiques de l’Etat et en second lieu, c’est une nécessité sociale pour les Tunisiens. Cependant les problèmes ne manquent pas.
D’après l’ancien ministre des Finances, le système de subvention véhicule un paradoxe vu que la catégorie aisée profite de la plus grosse part de la subvention qui devrait aller à la catégorie sociale défavorisée, assène-t-il. Expliquant la raison de cette «injustice», l’ancien ministre a affirmé que le régime de compensation se base sur la quantité consommée, «autant tu consommes autant tu bénéficies de la subvention», indique- t -il.
Quand subvention rime avec dilapidation
Évoquant l’aspect financier de la problématique, l’ancien ministre a précisé que la subvention épuise les caisses de l’Etat et qui plus est, les prix des produits subventionnés sont fluctuants. 24 milliards de dinars, telle est la somme allouée à la subvention de 2011 à 2016, de quoi construire 3000 kilomètres d’autoroutes, s’insurge Houcine Dimassi.
Ainsi, il estime que la subvention est une forme de dilapidation des recettes de l’Etat. Le pain est le produit qui s’accapare la part du lion en matière de subvention, précise-t-il. Par ailleurs, il a fait savoir que la problématique de la subvention est instrumentalisée à des fins politiques et populistes. Il précise qu’il n’est pas contre la subvention, mais il plaide pour une meilleure rationalisation.
Mondher Belhadj Ali, lors de son intervention, a affirmé qu’il est temps de plancher sérieusement sur cette question devenue, au fil du temps, un sujet tabou. Depuis 1970, date du dépôt du projet de loi de la Caisse générale de compensation à l’Assemblée de la nation, la Tunisie a vu passer 19 ministres des Finances, 34 lois de finances, 14 Premiers ministres, mais personne n’a eu le courage nécessaire pour proposer la réforme de la Caisse générale de compensation. En 1983, le déficit avoisinait 81 millions de dinars alors qu’aujourd’hui il atteint 3520 milliards, regrette-t-il
Les chiffres ne mentent pas: les familles nécessiteuses bénéficient uniquement de 12% de la subvention contre 34,5% pour les familles aisées. En ce qui concerne la part de chaque membre de famille défavorisée, elle n’est que de 68 dinars contre 98 dinars par personnes pour les familles aisées. La solution proposée par Mondher Belhadj Ali est de ne tenir compte que du profil des personnes en lieu et place des produits. «De 2011 à 2016, la moyenne de la subvention qui se perd dans le cadre de la contrebande est estimée entre 120 à 140 milliards de dinars chaque année vers la Libye et vers l’Algérie», estime-t-il.
De son côté Slaheddine Makhlouf a indiqué qu’il n’est pas question de supprimer la subvention étant donné que c’est un acquis social et qu’il existe partout dans le monde. Cependant, il faut mettre en place une stratégie claire pour une meilleure rationalisation, sinon les inégalités vont persister à ce niveau là.
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