Loin des chemins classiques, le monde de l’entrepreneuriat féminin a bel et bien évolué depuis ces cinq dernières années. Développer la culture de la prise d’initiative, accroître l’autosuffisance et accélérer le taux de création des petites entreprises tels sont les objectifs du lancement de la deuxième phase de la Campagne nationale d’incitation et de sensibilisation « Innajim » autour de l’entrepreneuriat des femmes.
Il s’agit de la deuxième édition de la campagne nationale d’initiation et de sensibilisation « Innajim » s’inscrivant dans le cadre de l’application de la Stratégie Nationale d’Appui à l’Initiative Privée. Qui dit entrepreneuriat dit aussi un moteur essentiel de croissance et de création d’emplois ainsi qu’une solution efficace contre le chômage et un facteur important dans la diversification du tissu économique dans les régions.
De ce fait, grâce à l’instigation des cadres juridiques adaptés à l’économie sociale et solidaire et à la polarisation du secteur informel, le lancement du programme « une nouvelle génération d’entrepreneurs » trouve tout son sens aujourd’hui.
Saida Ounissi, Secrétaire d’Etat au ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle chargée de l’initiative privée a souligné: « On est toujours dans cette dynamique pour mieux développer la culture de l’entrepreneuriat. Convaincre et persuader les jeunes et les moins jeunes de se lancer dans le monde entrepreneurial, c’est devenu une évidence. On a une chance de mieux pousser gentiment l’administration et les services publics à se digitaliser ».
Et de poursuivre: « A travers le travail sur le terrain dans plusieurs villes, que ce soit à Mahdia, Tataouine, Bizerte, Manouba, Kasserine et Sidi Bouzid, nous avons trouvé un vrai engouement des jeunes pour l’entrepreneuriat contrairement aux idées reçues comme quoi les jeunes Tunisiens veulent être recrutés dans la fonction publique. Cette image là, il faut la nuancer. »
Evoquant le second volet abordé, à savoir celui juridique, Mme Ouinissi a répondu: « Il manquait la volonté politique. Mais avec la déclaration d’intention du chef du gouvernement Youssef Chahed a donné un nouveau sens quand il a déclaré que l’année 2018 sera l’année de l’emploi, et c’est tout à fait possible d’avoir les ingrédients de réussite. »
Selon elle, la mise en place du cadre légal de l’entrepreneur, celui de l’économie sociale et solidaire, sont plus que nécessaires, afin de faciliter la culture entrepreneuriale.
Par ailleurs, l’ambassadrice du Royaume-Uni en Tunisie, Louise De Sousa a fait savoir qu’il s’agit d’un vrai partenariat que « nous sommes en train de réaliser avec le gouvernement tunisien. Nous sommes en train, dans un sens, d’encourager l’entrepreneuriat féminin pour affronter les nouveaux défis dans l’espoir de réussir », indique-t-elle.
Présente lors de la conférence, Douja Gharbi vice-présidente de Conect précise: « Les femmes sont volontaires et ont toujours cette envie de créer. D’ailleurs, je consolide l’effort d’Innajim dans la campagne de sensibilisation pour leur donner confiance. »
Elles sont ces success stories comme Rawaa Ben Kram, architecte d’intérieur, qui a parlé de son parcours. « L’idée de créer mon propre projet date de mon enfance. Et étant adulte, j’ai décidé de travailler à mon propre compte et voilà que cela a abouti il y a un an de cela. Quant à mon rêve, il est celui d’ouvrir un show room », déclare-t-elle.
Idem pour Wafa Dridi, 27 ans, un autre cas de success-story, qui nous raconte son projet de jardinage « green and clean », à Bizerte, où elle vient de signer un contrat pour deux grands marchés publics, ainsi que d’autres marchés privés. Interrogée sur sa botte-secrète, elle nous confie: « J’avance pas à pas, mais sûrement. Et ce n’est que le début. »
Rappelons que le taux du travail des femmes n’a pas connu de réelle évolution en dix ans. Il était de 24.5% en mai 2007 pour atteindre 26.5% en mai 2017, contre un taux d’activité élevé et stable chez les hommes, pour la même période, avec respectivement 67.7% et 68.3%.