La Commission des libertés individuelles et de l’égalité, rattachée à la présidence de la République créée le 13 août 2017, doit rendre son rapport en février 2018. Quel est le bilan? Bochra Belhaj Hamida, présidente de la commission, a dressé un état des lieux, notamment dans cette démarche participative et de dialogue sur les libertés individuelles et de l’égalité. Interview exclusive:
– Où en êtes-vous au sein de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité?
Comme vous le savez la commission a commencé mi-août son travail, elle est appelée à présenter son rapport au Président de la République dans un délai de six mois. Nous devons faire des propositions de réformes pour garantir l’égalité et les libertés individuelles. Nous avons commencé par l’état des lieux que nous avons finalisé et nous sommes passés à l’élaboration des réformes. Notre commission a choisi dès le premier jour une démarche participative et de dialogue avec les différentes parties concernées, à savoir les institutions de l’Etat, la société civile, les partis politiques, les médias et les experts de différents bords. Ces dialogues très constructifs continuent sous différentes formes et nous avons lancé un appel à toute institution ou personne voulant participer aux débats à nous contacter .
– Que contient ce rapport?
Il y a les propositions, l’argumentaire juridique, socio-économique et religieux, mais aussi les différentes activités de la commission et toutes les participations écrites reçues ou initiées par la commission.
– Peut-on avoir un aperçu des résultats?
Les résultats ne seront publiés que par la Présidence de la République étant donné que c’est son initiative et que la commission a une mission claire, celle de lui présenter des propositions.
– Pensez-vous que la démocratie est sérieusement menacée en Tunisie, ou est-ce une crainte non fondée?
Je ne pense pas qu’elle soit menacée, mais je suis convaincue que l’expérience tunisienne dérange à l’extérieur et à l’intérieur. Bien sûr, il y a des intérêts menacés par la démocratie qui suppose forcément plus de transparence dans la gestion de la chose publique et privée. Par ailleurs, un élan nostalgique est encouragé dans l’opinion publique et malheureusement nous n’arrivons pas à expliquer aux Tunisiens et Tunisiennes que la démocratie est une condition nécessaire au développement et à l’éradication de la corruption et que les problèmes que nous vivons sont dus, aussi et principalement, à des dizaines d’années de totalitarisme, d’opacité dans la gestion des richesses nationales et de dégradation de l’éducation.
Pour gagner la bataille de la démocratie, je ne pense pas que cela soit uniquement le rôle de l’Etat. C’est aussi la responsabilité des politiques et de la société civile; le populisme et les violences même verbales sont des facteurs de fragilisation de notre expérience, en plus des menaces terroristes qui renforcent la peur et la déprime. Nous avons passé des décennies avec des gens dont le seul rôle était de nous faire croire que nous étions les meilleurs, dans le meilleur des mondes, à tous les niveaux. Nous sommes passés à la dramatisation systématique de tout y compris des faits divers.
Je demeure optimiste, il suffit de sortir de la lamentation et de s’engager dans l’action à commencer par le travail, accomplir sa mission avec conscience là où on se trouve, en demeurant vigilant par rapport à la démocratie et à la lutte contre la corruption.
OUI , De l l’intérieur elle dérange les obscurantistes, les islamistes et les traditions ,
De l’extérieur elle dérange pour le Modèle progressiste tunisien et les acquits de la femme