L’Institut Tunisien des Etudes stratégique (ITES) a tenu mercredi un séminaire intitulé « Les jeunes et l’entrepreneuriat », et ce, dans le cadre de la préparation d’une étude sur ce thème.
Il ressort du séminaire que l’administration est l’obstacle majeur à l’entrepreneuriat et que la culture entrepreneuriale n’est pas vulgarisée auprès des jeunes tunisiens. Le système éducatif ne prend pas en considération la volonté d’entreprendre. Le séminaire s’est déroulé en présence de plusieurs intervenants dans le domaine.
Le directeur de l’ITES, Néji Jalloul a indiqué, lors de son intervention qu’il « est triste pour la jeunesse tunisienne » qui, selon ses dires, se trouve dans une situation marquée par la hausse du chômage. A cet égard, il a rappelé que le chômage a dépassé le taux de 15%. De même, il a rappelé que les diplômés de l’enseignement supérieur sont les plus concernés par le chômage. Le directeur de l’ITES a rappelé que la Tunisie fait face à un nouveau problème, à savoir l’immigration des cerveaux, notamment des médecins et des ingénieurs. La perte est considérable étant donné que la formation d’un seul médecin coûte à l’Etat environ 630 mille dinars.
Entrepreneuriat entre optimisme et pessimisme
« Si le phénomène s’accentue et les jeunes compétences continuent à immigrer, la Tunisie pourrait se transformer en un pays marqué par une population vieillissante« , estime Neji Jaloul qui a regretté le taux élevé d’échec des projets. D’après lui, 23% des nouveaux projets échouent au bout de trois ans et le taux atteint 33% dans les régions de l’intérieur. Il a fait savoir que le problème est en quelque sorte culturelle. L’ancien ministre a souligné que le système éducatif ne prend pas en considération l’entrepreneuriat et ne prépare pas l’élève à devenir entrepreneur. Sur un autre volet, il a affirmé que le blocage administratif et l’accès au financement demeurent les principaux problèmes des entrepreneurs.
Optimiste, Houbeb Ajmi Rmadi, CEO de l’Université Centrale Group a fait savoir que pour entreprendre, il ne suffit pas d’avoir des diplômes et des compétences techniques. Pour elle, l’entrepreneur doit s’armer de soft skills, raison pour laquelle l’Université Centrale œuvre au développement personnel de ses étudiants.
Wafa El Amiri, présidente du Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise (CJD), s’est interrogée sur le manque de statistiques relatives au taux d’échec des jeunes entreprises. Dans ce contexte, elle a rappelé que la dernière publication de l’Observatoire national de l’Emploi relevant du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle date de 2014! Pour Wafa El Amiri, l’un des grands problèmes est l’absence des mécanismes d’accompagnement après la création de l’entreprise. Un intérêt particulier doit être accordé à l’étape post-création de l’entreprise.
Mondher Khanfir, co-fondateur de l’incubateur Wiki start-up a affirmé que contrairement au système éducatif tunisien, la culture occidentale prend en considération l’échec comme chemin vers la réussite. Pour lui, la civilisation arabo-musulmane a, de puis des siècles, perdu la fibre entrepreneuriale. Pour Mondher Khanfir, faire évoluer les choses au niveau de l’entrepreneuriat nécessite une gouvernance guidée par les jeunes, tout en évitant le gap des générations, la mise en place de la technologie et de l’innovation au cœur du développement et miser sur l’économie du savoir.
Belgacem Ben Belgacem, directeur régional de l’APII a considéré que l’entrepreneuriat est un avant un état d’esprit qui doit être façonné dans les établissements universitaire à travers des mécanismes d’accompagnement. A cet égard, il a évoqué les expériences québécoises et allemandes en la matière.
Skander Haddar, CEO et fondateur de TPM group a indiqué que les difficultés rencontrées les entrepreneurs dans les régions et dans les zones de développement régional sont beaucoup plus nombreuses que celles rencontrées dans les villes côtières. « Convaincre les jeunes d’entreprendre dans les régions n’est pas une mince tâche. Il est inadmissible que des fonds d’appui à l’entrepreneuriat des jeunes profitent, dans plusieurs régions du pays, à des personnes qui ont dépassé l’âge de 50 ans!« , dixit Skander Haddar.
Sahl Zargouni, directeur général de Microcred considère que la microfinance est l’une des voies à utiliser par les entrepreneurs, notamment pour s’installer dans les régions. Évoquant le rôle de la microfinance, il a fait savoir qu’elle contribue à la révision à la hausse du taux des personnes bancarisées.
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