Héla Omrane, présidente de la commission parlementaire d’enquête sur les réseaux d’envoi des jeunes vers les zones de conflit, a dressé un état des lieux sur le nombre des terroristes partis et ceux qui sont de retour.
La commission a transmis des correspondances aux ministères de la Justice et de l’Intérieur ainsi qu’à l’Inspection de la Sûreté afin d’obtenir des droits de réponse concernant les révélations d’Issam Dardouri, président de l’Association de la sûreté et de la citoyenneté, de Hichem Meddeb, ancien responsable du Bureau des relations avec le citoyen au ministère de l’Intérieur et d’ Abdelkarim Laâbidi, ancien responsable de la sécurité à l’aéroport Tunis-Carthage et aux pays ayant été cités comme étant impliqués, telles la Syrie et la Turquie.
Mme Omrane a fait savoir que la commission détient des documents prouvant des défaillances au sein de la Direction des frontières et des étrangers. Selon ses dires, la direction aurait remis des passeports non conformes et que certains agents ont été sanctionnés.
Elle a également précisé que l’envoi des jeunes dans les zones de tension a connu un pic entre 2012 et 2014. Quant au chiffre officiel donné par le ministère de l’Intérieur, il s’élève à 2.992 jeunes ayant rejoint les organisations terroristes à l’étranger. 800 d’entre eux sont revenus pour être soit emprisonnés soit maintenus sous surveillance.
Mais la question essentielle est de savoir qui a financé les réseaux qui ont envoyé les jeunes Tunisiens dans les zones de combat en Syrie, en Irak et en Libye ? Leïla Chettaoui, membre de la commision d’enquête parlementaire, a déclaré que plusieurs financements en provenance des pays du Golfe – et principalement le Qatar – ont été enregistrés au profit d’associations dont les activités sont suspectes.“A un moment donné, les virements sont passés de 100 mille dinars à 3 millions de dinars”, a-t-elle fait remarquer, en poursuivant: “ Les fonds versés étaient durant la période de la troïka”.
En tout, 2992 Tunisiens ont pu ainsi gagner les zones de conflit : 60% d’entre eux sont en Syrie et 40% sont en Libye, sachant que plus de 30 mille Tunisiens ont été empêchés de partir, a affirmé Lotfi Brahem, ministre de l’Intérieur, lors de sa récente audition à l’ARP.