La députée du bloc parlementaire du mouvement Machrou3 Tounes, Myriam Boujbel, est intervenue dans le cadre d’une séance plénière consacrée à la discussion d’un projet de loi qui porte sur l’octroi d’un crédit de 360 millions de dinars au profit de la Banque de l’Habitat, hier 30 janvier.
Myriam Boujbel a commencé son intervention en remerciant les Etats et les bailleurs de fonds « qui ont encore confiance en l’économie tunisienne et en la capacité du pays à honorer ses dettes malgré les conditions difficiles et les circonstances défavorables, notamment les taux d’intérêt qui ne cessent d’augmenter« .
Cependant, elle a indiqué que la situation actuelle, caractérisée par l’instabilité politique du pays depuis 2011 et la dégradation de la situation économique, n’encourage pas l’investisseur déjà confronté à de grandes difficultés pour obtenir un prêt « et après on s’interroge sur les raisons de l’échec de la promotion de l’investissement« , martèle-t-elle.
Revenant sur le projet de loi, Myriam Boujbel a rappelé que l’Assemblée des représentants du peuple a déjà adopté un projet de loi sur l’octroi d’un crédit destiné à la Banque de l’habitat d’une valeur de 110 millions de dinars depuis deux ans, en précisant que depuis le début des travaux de l’Assemblée des représentants du peuple en janvier de 2015, plus de 220 projets de loi ont été adoptés dont 71 projets de loi relatifs à des crédits. « Autrement dit, le tiers des projets de loi adoptés par l’ARP sont relatifs à des prêts« , affirme-t-elle. D’après ses estimations, le coût global de ces prêts et de l’ordre de 28 milliards de dinars, sans prendre en considération le service de la dette.
« Si le gouvernement maîtrise bien ces chiffres et tient à honorer ses promesses, si l’argent est destiné réellement aux objectifs annoncés par le gouvernement, le pays n’aurait plus de chômage, la Tunisie serait même un exemple à suivre en matière de propreté de l’environnement et on aurait créé plusieurs pépinières d’entreprises mais nous en sommes encore très loin », regrette-t-elle.
Myriam Boujbel a expliqué qu’elle n’est pas contre l’endettement pour le développement durable à condition que la cadence de la création de la richesse soit plus rapide que la cadence de l’obtention des crédits. « Malheureusement, ce n’est pas notre cas. Nous avons emprunté 28 milliards de dinars en trois ans ce qui veut dire que chaque personne des 11 millions de Tunisiens a emprunté 2500 dinars pendant les trois dernières années. »
Haussant le ton, la députée a fait savoir que la commission des finances au sein de l’ARP a à plusieurs reprises demandé au gouvernement de connaître les chiffres exacts du taux d’avancement des projets publics pour pouvoir assumer son rôle de contrôle, mais » à ce jour, nous n’avons pas eu de réactions positives de la part du gouvernement. C’est vraiment la fuite en avant« , regrette-t-elle
La députée a rappelé que son parti a déposé depuis deux ans à la commission des finances de l’ARP une initiative législative pour l’audit des dettes publiques et à ce jour elle n’est pas encore planifiée : « Je ne comprends pas pourquoi ils ont peur de cette initiative alors qu’elle va améliorer la transparence et augmenter la confiance entre le gouvernement et les députés », s’interroge-t-elle.
À la fin de son intervention, Myriam Boujbel a annoncé que le bloc parlementaire de Machrou3 Tounes s’abstiendra de voter le projet de loi en question.
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