Dans son rapport sur la crise socioéconomique et financière de la Tunisie 2017/2018, l’expert en géopolitique et économie monétaire, Maher Bel Hadj, a dressé une liste de solutions pour la sortie de crise.
Le secteur bancaire tunisien passe ces dernières années par un état d’affolement et de bousculade sur la collecte des fonds, et ce, à cause d’un manque sévère de liquidité, qui se chiffre actuellement à 11.050 milliards de dinars, soit une augmentation de 300% par rapport à la même période de l’année 2015.
Face à cette situation, le rapport a dévoilé que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a essayé d’expliquer cette crise par le déséquilibre de la balance commerciale.
Cependant, les experts pensent que cette crise est due au manque de confiance des Tunisiens face au système bancaire et au régime fiscal injuste, lourd, et instable. Depuis janvier 2015, ces experts ont tiré la sonnette d’alarme sur ce flux négatif qui était de 3.5 milliards de dinars et a précisé que le déséquilibre de la balance commerciale était bien la conséquence et non pas la cause de ce manque de liquidité aigu et rapide, suite à l’importation abusive, la fuite des recettes en devises à cause des nouvelles mesures rigides de la réglementation de change prises par la BCT après la révolution en 2011 et la disponibilité du cash au niveau du marché parallèle.
Quelles solutions?
Pour faire face à ces problèmes, Maher Bel Hadj a recommandé de faire preuve de courage, d’audace, de volonté, de sincérité, de bonne foi, de précision et de vigilance. «Nous sommes dans une situation critique. Nous devrons prendre des mesures et des décisions fermes, afin de lutter contre les quatre ennemis majeurs de la Tunisie que sont le terrorisme, le marché informel, l’évasion fiscale et la corruption dont le fonctionnement ne passe que par le cash», lit-on dans le rapport.
A cet égard, il faut mettre en place un processus de réduction de l’argent liquide dit «De-cashing», ayant pour objectifs de promouvoir l’inclusion financière, consolider les ressources du système bancaire, assurer une meilleure allocation des ressources financières au profit de l’économie organisée; et lutter contre les activités informelles et les pratiques illicites. Sachant que les coûts du «De-cashing» seront, selon le rapport, très limités et cette décision arrêtera l’hémorragie de l’évasion fiscale, l’évasion des devises et de l’économie informelle.
Il a, en outre, recommandé de mettre en place un plan de changement de la totalité de la monnaie fiduciaire dans une courte durée ne dépassant pas les six mois, et ce, à travers un compte bancaire ou postal nominatif, tout en limitant le retrait en espèces à 1000 dinars par jour.
Ainsi, l’expert a préconisé l’élaboration d’un plan fiscal. Dans ce sens, il faut exiger la signature de contrats à l’enregistrement d’acquisition de biens immobiliers, de matériels d’investissements ou de matériels roulants auprès des services de la recette des finances pour faire face au blanchiment d’argent et à l’évasion fiscale.
Il faut également déduire les charges d’aménagement, les charges des produits d’investissement et les charges des produits de consommation durable de la base imposable pour toute personne résidente ou ayant son centre d’intérêt en Tunisie.
Il faut, aussi, exiger la caisse enregistreuse et augmenter la participation fiscale pour la rendre mensuelle selon l’activité et la zone où exercent les 420 000 patentes commerciales forfaitaires.
Parmi les solutions figurent, de même, la revue de la réglementation de change, et ce, en l’allégeant et en la rendant plus souple et la prise de mesures assouplies en faveur des résidents à l’étranger.
Au final, M. Bel Hadj a proposé de moderniser le secteur bancaire et financier (Fin-Tech), en s’orientant urgemment vers le développement du commerce électronique. Ce qui nécessite une forte logistique, des magasins de stockage ultramodernes, des moyens de transport efficaces, des solutions de paiement en ligne sûre, des applications informatiques intelligentes.
Ces mesures vont, selon le rapport, limiter les opérations par le cash et on aura la traçabilité sur toutes les activités louches et illicites, qu’elles soient relatives au terrorisme, au marché parallèle, à l’évasion fiscale, au blanchiment d’argent et même à la corruption.