Le bassin minier, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) et le Groupe chimique demeurent intimement liés aux mouvements sociaux qui ont porté un coup mortel à la production de phosphate. Etat providence du gouvernorat qui l’abrite, la CPG a, malgré les pertes encourues, absorbé du mieux qu’elle pouvait la pléthore de chômeurs laissés-pour-compte depuis des décennies. En 2017, elle a même consacré une enveloppe de 25 millions de dinars à l’éducation, la santé, l’environnement…
Les pertes faramineuses enregistrées par la CPG dues aux arrêts forcés de la production de phosphate ont fini par avoir raison d’elle et de l’économie nationale qui peine à remplacer ce moteur de croissance inestimable. Sans parler de la perte de plusieurs marchés internationaux difficilement récupérables.
Si en 2010, la production annuelle de la CPG avoisinait huit millions de tonnes, de 2011 à 2017, elle n’a fait que régresser. Cerise sur le gâteau : la compagnie fait face à deux grèves parallèles : la première entamée par des agents et ouvriers et la deuxième celle des cadres et agents du siège social de la compagnie qui revendiquent le déblocage de la situation de leurs sites de production. Résultat : arrêt total du travail au Groupe chimique tunisien faute d’approvisionnement en phosphate.
C’est d’ailleurs pour ces raisons que des syndicalistes se sont déplacés à Tunis ce matin pour tenir une réunion sous la présidence de Bouali Mbarki, secrétaire général adjoint de l’UGTT. La salle était déjà archicomble par les syndicalistes et les fonctionnaires et une querelle a failli éclater à cause d’avis divergents. L’avis unanime est qu’il faut sauver la CPG par tous les moyens.
Prenant la parole, Bouali Mbarki a rejeté les accusations qui pointent le doigt contre les ouvriers et les fonctionnaires qui seraient à l’origine des problèmes de la compagnie. « Tout le monde s’accorde en fait pour dire que le développement qui fait défaut depuis des décennies dans le bassin minier est la cause principale du marasme existant dans cette région. Aujourd’hui, l’Etat doit assumer ses responsabilités et imposer le retour à la production de phosphate afin que la CPG puisse se relever et récupérer les pertes subies « , lance-t-il.
Mohamed Miraoui, secrétaire général de l’Union régionale du travail de Gafsa, a indiqué dans le même contexte, que la CPG doit renouer avec la croissance pour ne pas perdre plus de marchés. Si la situation devait persister, a-t-il averti, 31 mille familles vont perdre leur source de subsistance. Le secrétaire général a affirmé que les résultats du dernier concours de la CPG et les critères d’admission ont alimenté le mécontentement et provoqué d’interminables sit-in. Dans le même contexte, il a appelé le gouvernement à appliquer les 76 mesures annoncées à travers les années au profit du gouvernorat.
L’UTICA est à l’autre bout de la ligne
La Centrale patronale a exprimé, dans un récent communiqué, son regret quant aux pertes subies par l’entreprise publique qui interviennent à un moment où la trésorerie de l’Etat est en grave manque de devises. L’UTICA a appelé à l’application de la loi pour empêcher l’écroulement de l’économie nationale. Pour rappel, Nafaa Ennaifer, dirigeant au sein de l’UTICA, avait indiqué qu’uniquement l’Etat a le droit et les prérogatives pour décider du sort des entreprises publiques.
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