Les Tunisiens ont découvert avec émoi, sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, des images d’enfants porteurs d’autisme battus et maltraités par des éducateurs, dans un centre soi- disant « spécialisé » à l’Ariana. La situation a suscité l’indignation et a abouti logiquement à l’arrestation des auteurs de ces violences, l’ouverture d’une enquête, ainsi qu’à la fermeture du centre en question.
Selon les premiers éléments de l’enquête, aucune autorisation d’exercice n’a été délivrée à ce centre, un fait surprenant qui amène à s’interroger sur le travail de contrôle et d’encadrement de ce type de centres par les institutions de l’Etat. Car, rappelons-le, ce centre jouit d’une certaine notoriété, ses activités ne pouvant en aucun cas passer inaperçues auprès des autorités publiques.
Ainsi, de manière plus générale, cette séquence vidéo pose la question de la violence envers les enfants porteurs d’autisme dans les institutions. Il s’agit d’une réalité à laquelle certains pays très en avance sur la Tunisie, y font face, d’abord par un travail de réflexion qui permet entre autres d’identifier les facteurs de risque de violence et de déterminer les bonnes pratiques pour y remédier.
Il faut bien avouer que la prise en charge de l’autisme n’est pas une mince affaire, d’où la nécessité de ne confier ces enfants qu’à des éducateurs triés sur le volet mais aussi à former les parents et les sensibiliser à cette maladie, rendant impuissante toute personne qui n’y est pas suffisamment prête.
De par la particularité de cette maladie qui associe à la fois déficit grave de la communication, déficit grave de l’interaction sociale, limitation des intérêts, restriction de l’activité (souvent à caractère stéréotypé), les personnes en contact avec les personnes autistes, parents ou professionnels avouent leur découragement face à cette maladie.
L’autisme nécessite la mise en place d’un dispositif basé sur un encadrement rapproché avec idéalement un taux adulte/enfant quasiment de l’ordre de 1 pour 1 et une approche pluridisciplinaire (psychologues, éducateurs, orthophonistes, ergothérapeutes, médecins, administrateurs, ouvriers, chauffeur…).
Par ailleurs, il est nécessaire de se rendre à l’évidence : il est illogique de vouloir développer les capacités d’intégration sociale des personnes porteuses d’autisme, tout en les excluant. Confiner ces enfants quel que soit leur degré de handicap, dans des centres spécialisés, est en soi un éloignement du reste de la société.
Ainsi l’inclusion sociale des personnes porteuses d’autisme est une des principales revendications de la société civile. Car, en effet, les études s’accordent sur le fait que les enfants intégrés en milieu scolaire ordinaire voient leurs comportements sociaux s’améliorer, de même que leur langage et de façon générale, leur niveau de communication. Par ailleurs, ces enfants développent une meilleure image d’eux-mêmes et sont davantage considérés de façon positive par leurs pairs et les enseignants, comparativement aux enfants autistes non intégrés.
L’impact sur les parents est évident, leur score de stress est moins élevé et ils arrivent à adopter des stratégies d’ajustement plus efficaces centrées sur la résolution de problèmes et ont une qualité de vie qui est meilleure.
A quand donc une réelle réflexion sur l’inclusion scolaire et sociale des enfants porteurs d’autisme, d’autant plus qu’on en compte près de 200 000 en Tunisie.